Guerre commerciale : l’aveu d’impuissance du PCF21/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2964-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Guerre commerciale : l’aveu d’impuissance du PCF

Une citation bien choisie permet de faire dire à un texte le contraire de ce qu’il signifie. Ainsi, en extrayant du communiqué de la direction du PCF daté du 17 mai la phrase « la guerre commerciale est avant tout une guerre de classe, menée par le capital contre les travailleurs et travailleuses et toute la société », on pourrait croire que ce parti a retrouvé la flamme révolutionnaire de ses jeunes années.

Il n’en est évidemment rien et la guerre commerciale dont parle le PCF est celle de l’impérialisme américain contre le reste du monde. Le 19 mai, lors d’une réunion intitulée « L’industrie est l’avenir de la France », les dirigeants du PCF affirmaient derechef : « En appeler aux multinationales [pour tenter de sauver les emplois] est à la fois périlleux et coûteux. ». Et de préciser avec raison qu’elles sont capables de fermer du jour en lendemain une entreprise tout en ayant empoché les subventions et aides diverses de l’État. Mais, là encore, le PCF désigne exclusivement les entreprises multinationales étrangères, alors que les entreprises françaises font exactement la même chose, non seulement dans l’Hexagone mais aux quatre coins du monde. De Michelin à Renault, de Sanofi à Auchan, les exemples ne manquent pourtant pas. La guerre de classe est le fait de tous les capitalistes, tricolores compris.

Pourtant, d’après le PCF, à l’intérieur des frontières la dégradation de la situation des travailleurs ne découlerait pas de cette guerre mais seulement des mauvais choix des gouvernements. Fabien Roussel et ses camarades proposent donc une autre politique. Elle se résume, énoncée lors de cette réunion du 19 mai, en l’utilisation des fonds détenus par les banques publiques pour inciter les industriels à produire en France, en payant mieux les ouvriers et en invitant plus souvent les syndicalistes dans leurs conseils d’administration. Voilà qui ne doit pas faire peur aux ArcelorMittal, Stellantis, Auchan et autres LVMH. L’État les a « incités » tant et plus depuis des décennies avec les résultats que l’on sait : bénéfices, chômage et précarité en hausse, salaires et conditions de travail dégradés, dette publique explosée. L’évocation de la guerre de classe, façon PCF, loin d’être un appel à la conscience et la riposte de la classe ouvrière, se réduit donc au énième projet visant à inciter financièrement le patronat à être un peu moins le patronat. Autant mettre un cierge à la chapelle des causes perdues.

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