La guerre économique qu’ils veulent nous faire payer23/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2960-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Editorial

La guerre économique qu’ils veulent nous faire payer

Après avoir annoncé des hausses astronomiques des droits de douane pour la planète entière, Trump a décidé une pause de trois mois… sauf pour la Chine. Les commentateurs de tous les pays essayent de deviner quelle est sa stratégie, mais Trump sait-il lui-même ce qu’il veut faire ?

La guerre commerciale n’a jamais cessé. Elle est inséparable du capitalisme. Et la plus grande puissance économique mondiale a pris l’initiative de faire monter d’un cran les tensions commerciales.

Les yoyos des cours des Bourses du monde illustrent à quel point l’économie est dans le marasme. Christine Lagarde, la dirigeante de la Banque centrale européenne, reconnaît elle-même que le brouillard économique est presque total. Et il n’y a pas que la finance qui est touchée. Depuis les annonces de Trump, 70 % des exportations chinoises vers les États-Unis ont été stoppées ou annulées. Et les grands armateurs mondiaux se demandent s’ils doivent supprimer ou non des escales de leurs navires en Chine. La guerre commerciale menace de se transformer en crise économique et en recul de la production.

Tous les gouvernements du monde tentent de réagir aux mesures américaines, chacun pour le compte de ses capitalistes, et tous participent à cette aggravation de la guerre commerciale dont ils savent qu’elle peut dégénérer en affrontement armé. Et tous ont comme premier réflexe de faire payer leur propre population !

Le gouvernement français veut trouver 40 milliards d’euros. Les travailleurs sont les premiers visés. Il va prendre dans leur poche par de nouveaux impôts ou de nouvelles taxes, et s’attaquer de nouveau aux budgets des services publics utiles à la population. C’est ce qu’il faut comprendre quand il dit qu’il va s’en prendre aux « niches fiscales » ou quand la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, dit vouloir « supprimer ce qui est inutile ».

Ce ne sont pas le petit boulanger ou le petit artisan qui profiteront des milliards récoltés par l’État. Eux aussi sont étranglés par les impôts et les banques, et le nombre de faillites de petites entreprises a augmenté.

Les 40 milliards que l’État veut récupérer en étranglant les classes populaires serviront à soutenir les groupes industriels de l’armement comme Thales et Dassault, de l’automobile comme Stellantis et Renault, du luxe comme LVMH et Hermès… et les grandes banques. Si les marchés à l’international se réduisent, l’État passera lui-même des commandes à ces grandes firmes ou subventionnera leurs exportations pour compenser les droits de douane à payer. Et dans les entreprises, ces grands groupes trouveront le moyen de baisser encore les salaires et d’intensifier l’exploitation, au nom de la compétitivité.

La « défense de l’industrie française » dont parle le gouvernement n’est pas la défense des emplois des travailleurs mais celle des profits du grand patronat. Et tous les partis, du Rassemblement national à la gauche, sont complices de ce mensonge.

Le ministre de l’Économie en a appelé au « patriotisme des patrons ». C’est une manœuvre pour laisser croire aux travailleurs qu’ils ne sont pas les seuls à payer. En réalité, le grand patronat fera comme il le décidera et investira où bon lui semblera. Bernard Arnault, le milliardaire du luxe, patron de LVMH, a dit que, si les accords économiques entre l’Union européenne et les États-Unis ne le satisfont pas, il investira aux États-Unis. Les patrons des groupes pharmaceutiques européens, dont le français Sanofi, ont menacé d’en faire autant si les services de santé publique n’achètent pas plus cher leurs médicaments.

Pour défendre leur droit au travail et à un salaire décent, les travailleurs ne peuvent compter que sur eux- mêmes, c’est-à-dire sur leurs luttes collectives, sur la lutte de classe contre la grande bourgeoisie. Et ce combat ne pourra leur garantir une vie digne que s’il est mené jusqu’au bout, jusqu’au renversement de la classe capitaliste.

La science et les techniques ne cessent de progresser. Les moyens de produire se sont encore accrus. Jamais l’humanité n’a eu autant de moyens techniques qui permettraient de satisfaire les besoins de tous. Mais il n’y a plus rien à attendre de la classe capitaliste qui les possède.

Les méthodes de Trump, sa politique imprévisible et ses retournements montrent à quel point cette classe sociale est incapable de maîtriser sa propre économie. Seuls les travailleurs de tous les pays peuvent ouvrir une perspective, s’ils renversent le pouvoir de leurs exploiteurs, les exproprient et organisent l’économie en planifiant la production en fonction des besoins de tous.

Nathalie Arthaud

Partager