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- Lutte ouvrière n°2975
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Dans le monde
Haïti : la classe ouvrière face au chaos
Cet article est extrait du mensuel La Voix des travailleurs, journal révolutionnaire internationaliste édité par l’Organisation des travailleurs révolutionnaires (UCI).
Avec la casse du secteur de la sous-traitance, la classe ouvrière voit diminuer sa fraction la plus combative qui, pendant les 25 dernières années, a porté haut ses revendications et ses luttes. La guerre des gangs contre la population ralentit le processus de maturation de la conscience de classe des travailleurs, qui débutait. Mais ce n’est que partie remise, cette évolution renaîtra de ses cendres.
La zone industrielle est l’ombre d’elle-même, devenue un désert où les flux d’ouvriers qui se dirigent vers les factories et les parcs industriels le matin et vers les stations les après-midis ne représentent que des souvenirs. Il reste quelques usines qui maintiennent une activité au parc industriel métropolitain, Sonapi, mais le nombre d’ouvriers qu’elles emploient fluctue de 2 000 à 4 000, contre 15 000 à 20 000 autrefois.
Les conditions de travail de ceux qui ont la chance de conserver leur emploi ne cessent de se détériorer. Leur pouvoir d’achat a drastiquement chuté de près de 60 % depuis 2022, date du dernier réajustement de salaire. Une misère. La plupart du temps, en chômage technique de plusieurs jours voire de plusieurs mois, les ouvriers n’ont aucune garantie qu’ils conserveront leur emploi que certains qualifient de « djob ». Au moindre motif, ils sont renvoyés. Rares sont ceux qui arrivent à faire une quinzaine de travail complète. Ce qui conduit à une diminution de leur salaire. Et, de ce fait, le montant de la paie d’une quinzaine ne dépasse guère 5 000 gourdes, après le prélèvement de taxes.
À l’intérieur des usines, les travailleurs subissent toutes sortes de traitements indignes : pressions, harcèlement de la part des petits chefs, etc. Ils sont soumis à des tarifs exorbitants et des longues heures supplémentaires pour lesquelles ils ne recevront pas un centime. Ils sont parfois privés d’eau potable et de la possibilité de satisfaire leurs besoins.
La terrible dégradation des conditions se lit facilement sur les visages des ouvriers. Pendant les pauses, ils ne prennent presque pas de repas, faute de moyens ; ou, pour tromper leur faim, du pain et de l’eau sucrée, un morceau de manioc ou de fruit à pain, un morceau de pâté cordé acheté le matin, etc. Certains profitent de cette pause pour vendre des bonbons ou des chips.
Dans cette situation d’intense violence où l’exploitation des masses exploitées atteint des limites extrêmes, il leur faudra s’organiser en groupes unis et solidaires. Elles représentent une véritable force et c’est dans la lutte qu’elles trouveront le moyen de mettre fin à cette exploitation.