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Leur société
Harkis : toujours traités en parias
Le 19 mai, une plainte collective pour violation de sépulture au camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, a été déposée par plusieurs familles d’anciens harkis, ces Algériens qui ont servi comme supplétifs de l’armée française pendant la guerre d’indépendance.
Ces plaintes concernent la disparition de corps d’enfants enterrés au camp de Rivesaltes, dans lequel 22 000 harkis et leurs proches avaient été parqués en 1962, après avoir fui l’Algérie devenue indépendante.
Alors que beaucoup subissaient les représailles bien prévisibles du FLN, de Gaulle et son Premier ministre, Pompidou, avaient accepté bien difficilement d’accueillir 90 000 harkis survivants. Ils avaient été internés à Rivesaltes et dans cinq autres camps, dans trois prisons désaffectées, et dans des hameaux forestiers où ils étaient employés à des travaux de reboisement.
À Rivesaltes, ils passèrent l’hiver 1962-1963 sous des tentes, souffrant de pénurie d’eau et de bois de chauffage. Les conditions d’hygiène provoquèrent la mort de bébés à leur naissance et d’enfants en bas âge. Jusqu’en 1965, au moins 146 personnes, dont 101 enfants, sont décédées. En déplaçant leurs corps dans les années 1980, les autorités semblent avoir voulu effacer la mémoire de ce drame. Les familles viennent seulement d’en être informées, à l’occasion d’une visite à Rivesaltes, le 21 février, de la ministre des Anciens combattants, Patricia Mirallès.
Six familles ont déposé plainte. Elles veulent savoir ce que sont devenus les corps déplacés. Elles veulent aussi dénoncer la façon dont l’État cherche à s’exonérer de toute responsabilité. Le 28 avril, la ministre des Anciens combattants a en effet déclaré que « l’État avait fait sa part ». Après avoir utilisé une partie des Algériens dans sa sale guerre coloniale, après les avoir laissés se faire massacrer et les avoir ensuite traités d’une façon indigne, l’État français et ses dirigeants d’aujourd’hui montrent toujours le même mépris.