Inde : la traque des immigrés et des musulmans03/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2979-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Inde : la traque des immigrés et des musulmans

Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le gouvernement Modi n’a cessé de s’en prendre violemment aux travailleurs immigrés, en particulier aux Bangladais musulmans, ainsi qu’à la minorité indienne musulmane.

Les membres de son gouvernement, les dirigeants de son parti, ainsi que des centaines de chaînes d’information dépendantes financièrement de l’État, se concurrencent pour se faire les relais de cette politique et attiser la haine.

Cette campagne a pris un tour encore plus brutal depuis l’attentat du 22 avril au Cachemire indien, revendiqué par un groupe islamiste, et surtout après les quatre jours d’affrontements militaires qui ont suivi, début mai, entre l’Inde et le Pakistan.

Depuis, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été arrêtés et expulsés vers le Bangladesh. Nombre d’entre eux sont de nationalité indienne, et presque tous musulmans. La plupart sont des travailleurs migrants de l’intérieur : maçons, terrassiers, mineurs, nettoyeurs, vendeurs ambulants… Et même lorsqu’ils présentent des documents prouvant leur nationalité indienne, la police les leur confisque avant de les expulser au Bangladesh, souvent après les avoir rackettés, frappés ou menacés de mort s’ils revenaient. Certains, dont des réfugiés rohingyas, ont même été jetés à la mer depuis des navires de la marine indienne, près des côtes du Bangladesh ou de la Birmanie.

En les qualifiant d’« agents infiltrés » ou de « termites », et en appelant aux armes contre eux, Modi et son parti encouragent les bandes d’extrême droite nationalistes hindoues. Dans certains États, celles-ci se mobilisent, passent à tabac des travailleurs musulmans ou parlant le bengali, organisent elles-mêmes des contrôles d’identité et participent, avec les autorités, à la destruction au bulldozer de leurs habitations, commerces et mosquées. Ainsi, en s’appuyant sur la force de l’État, le gouvernement Modi organise la terreur contre une partie de la population.

Modi et son parti préparent ainsi les élections de l’an prochain. Ils tentent d’embrigader ceux qui, dans la population indienne, en viennent à accepter qu’on leur désigne les immigrés ou les musulmans comme responsables de leurs maux. Mais la brutalité des expulsions, menées en toute illégalité, sert aussi à renforcer l’autoritarisme de l’État, tout en mobilisant les troupes de choc des ultranationalistes hindous. Dans un pays où les masses populaires sont frappées par la misère et le sous-développement, Modi accroît ainsi les moyens dont disposent les exploiteurs capitalistes pour maintenir leur domination. Enfin, ce déchaînement de violence nationaliste et antiouvrière est aussi une préparation pour de véritables guerres avec les pays voisins, le Pakistan surtout. Mais peut-être aussi le Bangladesh, avec qui les tensions s’accentuent depuis la chute il y a un an de la Première ministre Sheikh Hasina, alliée de Modi, et la mise en place d’un gouvernement dirigé par le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, qui alimente de son côté les sentiments anti- indiens.

En Inde, au Bangladesh et au Pakistan, les travailleurs et les masses pauvres, quelle que soit leur nationalité, leur religion ou leur statut, et au-delà de frontières qui les ont artificiellement séparés, auront à trouver la voie de ce qui les unit face à leurs dirigeants et à ceux qui les exploitent, et qui se préparent à les mener à nouveau à l’affrontement.

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