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Industrie d’armement : les profits de la guerre
La Direction générale de l’armement (DGA), service du ministère des Armées chargé de piloter l’industrie militaire en France, vient d’annoncer la création d’un « club des investisseurs » destiné à financer l’accélération du réarmement.

Il s’agit d’un groupe de 80 fonds de « private equity », c’est-à- dire investissant dans des entreprises non cotées en Bourse, que les services de l’État ont démarchés ces derniers mois. Ils leur promettent des conseils de placement sur mesure, en échange d’un engagement à investir durablement dans la Base industrielle et technologique de défense (BITD), c’est-à-dire dans la production de matériel militaire.
En effet, cette BITD compte neuf grands groupes comme Thales, MBDA, Naval Group ou encore Nexter, qui n’ont aucun problème à attirer des capitaux étant donné leur rentabilité exceptionnelle. Mais elle repose aussi sur l’activité de 4 500 entreprises start-up, PME et ETI (Entreprises de taille intermédiaire, comptant entre 250 et 4 999 salariés), sous-traitantes des grands groupes et fabricantes de matériel militaire très spécialisé. Or, selon un audit publié en mars par la DGA, ces entreprises de la BITD auront besoin de 5 à 7 milliards d’euros de capitaux supplémentaires pour répondre à la hausse des commandes militaires, de 17,5 milliards d’euros d’ici 2030, prévue par la dernière loi de programmation militaire. Elles seraient trop petites pour négocier efficacement auprès des banques et fonds d’investissements et manqueraient de capitaux pour se développer.
L’État vient donc à la rescousse. D’une part, il mobilise l’argent public, avec 1,7 milliard d’euros d’investissements directs annoncés en mars par le ministre de l’Économie. D’autre part, il cherche à drainer les économies de la petite et moyenne bourgeoisie, en créant un livret d’épargne destiné aux investissements militaires et accessible à partir de 500 euros. Mais cela ne suffit pas et, en créant ce nouveau club, il joue directement les intermédiaires entre les entreprises de la BITD et le secteur financier.
Pour les travailleurs, cette course à l’armement ne peut faire que des perdants : ceux du secteur militaire, qui subissent aujourd’hui une aggravation de l’exploitation pour leur faire produire plus et plus vite, et tous les autres le jour où l’État les enverra combattre avec ces mêmes armes entre les mains.