Une fois à l’Élysée, Sarkozy avait entamé immédiatement une lune de miel officielle avec Kadhafi, qui était jusqu’alors traité en paria par les principaux pays occidentaux. En l’invitant à Paris, Sarkozy espérait ouvrir des marchés en Libye, riche de pétrole et de gaz, pour les grandes entreprises françaises, au détriment de leurs concurrentes italiennes.

En février 2011 le régime kadhafiste a été secoué par une vague de contestation populaire s’inscrivant dans la série de « printemps arabes », et la marine américaine a fait patrouiller un porte-avions le long des côtes libyennes. La France a alors laissé tomber Kadhafi, misant sur une autre force armée, le « Conseil national de transition », pour espérer mettre un jour la main sur les hydrocarbures libyens.

Une guerre civile s’en est suivie, où l’armée française est intervenue directement aux côtés des forces américaines et britanniques. Elle a dévasté les villes, dont la capitale Tripoli, faisant plus de 10 000 morts, avant que Kadhafi soit capturé et tué, en octobre 2011, par des rivaux.

En Libye, après une pause, la guerre civile a repris de plus belle, opposant les unes aux autres des coteries mafieuses et tribus rivales que la dictature de Kadhafi avait auparavant maintenues sous sa férule. Le chaos s’est étendu à toute la région du Sahel. En 2013, l’armée française, envoyée par Hollande qui avait battu Sarkozy à l’élection présidentielle, est à nouveau intervenue, cette fois pour soutenir le régime malien à sa botte.

La France a fini par devoir mettre fin à sa présence militaire au Sahel, mais dix ans après, les populations sont encore les victimes des exactions réciproques des djihadistes et des armées locales. Bien que cerné par des affaires judiciaires de tout ordre, Sarkozy ne sera pas jugé pour le chaos qu’il a contribué à créer dans toute une partie de l’Afrique.