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Dans le monde
Intelligence artificielle : bulle à la Bourse
En voyant sa fortune grossir de 100 milliards de dollars mercredi 10 septembre, une somme qu’un travailleur au smic aurait mis 6 millions d’années à gagner, Larry Ellison, ex-PDG et actionnaire majoritaire d’Oracle, est devenu l’homme le plus riche du monde.

À l’ouverture de Wall Street, Oracle, une entreprise qui produit des logiciels et gère des parcs de serveurs loués à des entreprises nécessitant de grosses capacités de calcul, détenue à 40 % par Larry Ellison, a vu son cours de bourse monter de 30 %.
Cela fait suite à l’annonce d’une série de contrats avec des entreprises du secteur de l’IA, notamment un marché de 300 milliards d’euros conclu avec OpenAI (ChatGPT). « Nous sommes sous le choc », a déclaré un analyste financier de la Deutsche Bank, époustouflé par les sommes en jeu.
La valeur boursière d’Oracle a doublé depuis le début de l’année : elle atteint désormais 1 000 milliards de dollars. Après OpenAI et le lancement de ChatGPT, puis Nvidia et ses puces électroniques, le secteur des serveurs informatiques est donc entraîné par la vague spéculative déchaînée dans le sillage de l’intelligence artificielle.
Selon le Wall Street Journal, la mise en œuvre du contrat annoncé entre Oracle et OpenAI nécessiterait une puissance énergétique de 4,5 gigawatts, l’énergie nécessaire à l’alimentation de quatre millions de foyers… et les experts financiers reconnaissent qu’ils sont incapables de savoir si Oracle sera en mesure de mettre à disposition en temps utile de telles infrastructures, qui requièrent des machines et une production énergétique bien réelles.
OpenAI sera-t-elle même en mesure de payer les sommes annoncées ? Au fond, personne n’en sait rien non plus, pas même son PDG Sam Altman. Il aurait en effet déclaré que son entreprise – qui n’a jamais dégagé le moindre bénéfice – continuerait à être déficitaire jusqu’en 2029, estimant les pertes cumulées d’ici là à une cinquantaine de milliards de dollars.
Des masses gigantesques de capitaux sont néanmoins détournées vers tout ce qui est de près ou de loin lié à l’IA, sans égard pour les besoins vitaux de la population mondiale ni pour la catastrophe sociale qui se déclenchera lorsque le moindre aléa déstabilisera ce château de cartes boursier.
Car bien des experts financiers l’admettent, même fascinés par les immenses possibilités de gains spéculatifs qui se déploient sous leurs yeux : tous les signaux caractéristiques d’une bulle boursière sont là.