Interdiction des licenciements sous peine de réquisition !06/05/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/05/P2_Licencier_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C27%2C725%2C435_crop_detail.jpg

Editorial

Interdiction des licenciements sous peine de réquisition !

Illustration - Interdiction des licenciements sous peine de réquisition !

On comptait déjà 360 plans de licenciements et 200 000 à 300 000 emplois menacés dans le pays, trois grands groupes viennent d’en rajouter une couche : ArcelorMittal (630 suppressions d’emplois), STMicroelectronics (1 000) et LVMH (1 200).

Ces annonces sont significatives de la rapacité du grand patronat et de sa dictature sur l’économie et la société.

En ce qui concerne LVMH, c’est caricatural. La multinationale affiche un bénéfice supérieur à 12 milliards. Elle a versé trois milliards de dividendes à son principal actionnaire, l’empereur du luxe et l’homme le plus riche du pays, le dénommé Bernard Arnault. L’équivalent d’un smic toutes les 15 secondes.

Ce monsieur ne compte qu’en milliards, mais il n’en a pas encore assez : il veut que sa filiale Moët Hennessy soit plus rentable. 1 200 postes seront donc supprimés par non-remplacement des salariés qui partent à la retraite. À charge pour ceux qui restent de travailler double et de faire rentrer l’argent de Monseigneur !

ArcelorMittal et STMicroelectronics ont chacun dépassé le milliard de profits en 2024. Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont été gavés d’argent public au nom de la politique de réindustrialisation.

Le gouvernement a accordé 300 millions d’aides à ArcelorMittal et s’est engagé à investir 850 millions dans la décarbonation de son site de Dunkerque. Pour STMicroelectronics, le cadeau est encore plus gros, puisqu’en échange de la création de 1 000 emplois, le gouvernement lui a promis 2,9 milliards d’aides pour agrandir son usine de semi-conducteurs de Crolles, en Isère.

Quand les aides sont destinées à des travailleurs, les chiens de garde patronaux dénoncent « l’assistanat » et ceux qui « abusent ». Là, il s’agit de centaines de millions d’euros et de milliards accordés à des groupes richissimes, lesquels ne se donnent même pas la peine de respecter leur parole de développer l’industrie et l’emploi. Mais on n’entendra ni le gouvernement ni ses perroquets médiatiques les traiter de menteurs ou de profiteurs.

Les politiciens qui dirigent le pays n’ont que le mot « réindustrialisation » à la bouche. Mais ils ne sont même pas capables d’interdire à ces grands groupes de licencier ou de fermer des usines ! Ce n’est pas sur ces larbins de la bourgeoisie que nous pouvons compter pour assurer notre gagne- pain.

De leur côté, les dirigeants de la gauche et de la CGT ont ressorti l’idée de la nationalisation. Nationaliser ArcelorMittal permettrait de sauver et les emplois et l’acier français, ont-ils expliqué aux ouvriers de Dunkerque le 1er mai.

Ils leur ont vendu du rêve. Cela ne leur coûte pas grand-chose, ils ne sont pas au pouvoir !

Quand ils l’ont été, sous Hollande, ils ont eux-mêmes capitulé devant Lakshmi Mittal et l’ont laissé fermer les hauts-fourneaux de Florange. Car nationaliser contre la volonté des capitalistes suppose d’avoir la volonté de les affronter. Qualité que les dirigeants de la gauche n’ont pas et n’auront jamais puisqu’ils sont, eux aussi, des défenseurs du système capitaliste.

Quant aux nationalisations décidées conjointement par l’État et le grand patronat, elles se font toujours dans l’intérêt des actionnaires et contre l’intérêt des travailleurs.

Ce fut le cas de la sidérurgie au début des années 1980. La famille propriétaire des principaux hauts-fourneaux, de Wendel, s’est retirée du secteur et a rebondi dans la finance. Mais les ouvriers de Lorraine en gardent un souvenir cuisant. Car c’est alors l’État qui a licencié à tour de bras et fermé les usines non rentables. Une fois la modernisation de la sidérurgie faite avec l’argent public, le gouvernement l’a reprivatisée : une méthode bien rodée de nationaliser les pertes et de privatiser les bénéfices !

Bien sûr, il faut empêcher ce grand patronat de nuire. Il faut sortir du marché et de la course au profit les biens aussi vitaux que l’électricité, les transports, la santé, le logement… Il faut en finir avec le gâchis de la concurrence et la remplacer par une planification et une coopération internationales, capables de répondre aux besoins de tous.

Pour cela, il faut prendre le pouvoir sur les grandes multinationales. Et ce n’est pas en rachetant ces grandes entreprises à leurs actuels actionnaires que nous leur enlèverons leur pouvoir. C’est en les expropriant et en transformant ces entreprises en bien commun dirigé par les travailleurs.

Cela ne peut se produire qu’avec la mobilisation massive des travailleurs et la conscience d’avoir à renverser le grand patronat. Ce combat commence en se donnant les objectifs qu’exige la situation : interdiction des licenciements sous peine de réquisition !

Nathalie Arthaud

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