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Dans le monde
Iran : la contestation continue
Les bombardements israéliens et américains ont fait des centaines de morts en Iran et détruit des infrastructures. Pour autant, les mouvements de contestation qui agitaient l’Iran avant ces attaques se poursuivent.
D’un côté, cette guerre a permis à la police du régime d’intensifier la répression : contre les opposants et les militants, notamment syndicaux, mais aussi contre les immigrés afghans résistant à leur expulsion. Certains sont condamnés à mort et pendus sous l’accusation d’être à la solde d’Israël. Il y a eu 166 exécutions en Iran depuis le début du mois d’août. Mais, d’un autre côté, le gouvernement, haï par des pans entiers de la société, n’a pas réussi à réaliser l’union nationale en utilisant cette attaque impérialiste.
Les grèves portent principalement sur les salaires : les infirmières de l’hôpital de Konarak, dans le Balouchistan, par exemple, réclament des mois d’arriérés de salaires. Les ouvriers de l’industrie pétrolière et gazière revendiquent l’application de législations qui amélioreraient leur rémunération. Dans cette société marquée par l’apartheid imposé aux femmes, les conductrices de camion sont mobilisées au même titre que leurs collègues masculins et expriment aussi fort leur colère contre le régime qui les réduit à la survie. Alors que le taux d’inflation annuel est supérieur à 30 % depuis des années et menaçait d’atteindre 40 % au printemps, les salaires suffisent à peine à survivre, même en se nourrissant uniquement de pain et de riz.
Des rassemblements se tiennent également contre les coupures d’électricité, dénonçant le manque d’entretien et les conséquences par forte chaleur, en particulier quand la température dépasse 50o C. L’Iran est particulièrement frappé par les effets du réchauffement climatique, qui provoque chaque été des canicules et des pénuries d’eau. La sécheresse est aggravée par les détournements opérés par des industriels et des propriétaires de grandes exploitations agricoles liés au régime, la « mafia de l’eau » comme les appelle la population. L’assèchement des barrages conduit à des coupures d’électricité plusieurs heures par jour, mais également à des coupures d’eau, faute de pompes en état de fonctionner.
Le 23 juillet, jour record de chaleur, a été déclaré férié dans plusieurs grandes villes pour tenter de faire face à la pénurie d’eau, tandis que les particuliers consommant plus de 130 litres d’eau par jour étaient menacés de sanction. Déjà, l’hiver dernier, les usines étaient mises à l’arrêt deux jours par semaine pour les mêmes raisons. En ce mois d’août, les coupures se produisent quotidiennement pendant deux heures.
Les manifestations contre ces restrictions sont directement tournées contre le régime, et la colère s’accumule. Beaucoup de travailleurs peinent à se payer un peu de farine, alors se faire couper l’eau et l’électricité… c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le barrage !