Israël-Palestine : les largages, un alibi pour Macron06/08/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/08/P6-1_Macron_armes_pas_sur_Gaza_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C10%2C800%2C460_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : les largages, un alibi pour Macron

L’annonce de Macron en juillet, promettant la reconnaissance de l’État palestinien en septembre, continue d’agiter la diplomatie internationale et les milieux politiques en France.

Illustration - les largages, un alibi pour Macron

La gauche salue l’annonce de cette reconnaissance, qui serait pourtant élémentaire, tandis que les soutiens d’Israël, du RN à Ciotti jusqu’à certains macronistes, s’étranglent, accusant le président de pactiser avec le Hamas. Mais cette tentative pour redonner une image équilibrée de sa politique ne remet nullement en cause le soutien de l’impérialisme français à Israël.

Cette promesse s’inscrit dans une longue duplicité. En 1982, Mitterrand promettait déjà la reconnaissance d’un État palestinien devant le Parlement israélien, la Knesset, sans suite. En 2014, une résolution parlementaire votée à 339 voix est restée lettre morte, Hollande, le président d’alors, invoquant pour cela les « conditions non réunies ». Aujourd’hui, sur 193 pays de l’ONU, 149 reconnaissent la Palestine, dont l’Espagne, qui l’a fait en 2024. Il aura fallu attendre 2025 pour que Macron en fasse la promesse.

En attendant, rien ne freine l’épuration ethnique menée par Netanyahou. À Gaza, selon le dernier décompte, plus de 60 000 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023. La famine s’aggrave avec 122 morts de faim, dont 83 enfants et 470 000 personnes en insécurité alimentaire aiguë. Face à cela, les récents largages humanitaires français, 40 tonnes de denrées, sont dérisoires. Jugés inefficaces par des ONG, dénoncés par des Palestiniens comme humiliants, certains ballots largués s’écrasent violemment au sol, inutilisables, parfois dangereux.

Cette opération présentée comme humanitaire est la suite politique de l’annonce de la reconnaissance de la Palestine par Macron. Il s’agit de tenter de prouver que la France n’est pas complice du génocide perpétré par Israël. Les dirigeants anglais ou canadiens ont d’ailleurs bien compris le bénéfice politique qu’ils peuvent en tirer. L’opération enclenchée par Macron, à laquelle ils se rallient, leur permet de sauver la face. Mais, aussi, ces largages valident la poursuite du blocus israélien, qui retient 80 % de l’aide : 6 000 camions restent immobilisés alors que Gaza, enclave assiégée, aurait besoin d’un accès libre et continu pour survivre.

En même temps, en Cisjordanie, depuis octobre 2023, les attaques de colons se sont multipliées faisant des centaines de morts dont 141 enfants. Le 28 juillet, Awdah Hathaleen, militant anticolonialiste palestinien, que l’on a pu voir dans le documentaire « No Other Land », a été tué près d’Hébron. Le 2 août, une attaque dans le village de Burqa a fait deux morts et huit blessés. Après leurs actions, les colons sont protégés par l’armée et acquittés.

Pendant ce temps, la France continue d’exporter vers Israël du matériel à double usage civil et militaire : 25 autorisations ont été accordées en 2024, pour un total de 24,6 millions d’euros selon le Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm), incluant optiques, composants électroniques et technologies de drones.

Ni Macron, ni les institutions internationales, ni une reconnaissance diplomatique ne permettront de garantir l’émancipation ni même la survie du peuple palestinien. Mais celui-ci, envers et contre tout, refuse de se laisser anéantir.

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