Iveco bus – Annonay : le grand Monopoly06/08/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/08/iveco-bus-a-recrute-900-personnes-sur-le-site-d-annonay-photo-iveco-bus-1745577157.jpg.420x236_q85_box-0%2C112%2C1600%2C1012_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Iveco bus – Annonay : le grand Monopoly

La famille italienne Agnelli a vendu, début août, le groupe Iveco (bus et camions) et ses 30 000 salariés à la famille Tata, l’une des plus riches d’Inde. Elle empoche au passage 3,8 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter 1,7 milliard pour la vente de la partie véhicules militaires d’Iveco au groupe italien Leonardo.

Illustration - le grand Monopoly

La famille Agnelli est actionnaire du groupe Stellantis, de Ferrari, de CNH Industrial, du groupe de presse The Economist et du club de football de la Juventus de Turin. La famille Tata possède, entre autres, le plus grand groupe automobile indien, Tata Motors, qui a racheté les marques britanniques Jaguar et Land Rover, les camions sud-coréens Daewoo, les bus espagnols Hispano.

Les Agnelli avaient sorti Iveco du groupe de véhicules industriels CNH en janvier 2022. Ils préparaient ainsi sa future vente, les salariés mis devant le fait accompli ont appris la nouvelle par la presse lors des premiers jours de vacances.

L’usine d’Annonay produit des bus au gaz et électriques. Des milliers de commandes de bus électriques ont été passées par les collectivités locales dans toute l’Europe. Pour les produire, Iveco a restructuré l’usine mais en dépensant au minimum, embauchant en intérim ou via la sous-traitance plus d’un millier de travailleurs. Les effectifs ont doublé depuis deux ans, passant de 1 200 à 2 500 : les nouveaux viennent de toutes les régions, d’Italie, d’Espagne et même des Philippines.

L’investissement, minimal dans un site trop exigu, s’est accompagné d’un durcissement des conditions de travail : multiplication des accidents, désorganisation de la production, accumulation de bus incomplets au sortir de la chaîne de montage. Cette situation a provoqué des coups de colère ces derniers mois. En particulier à cause de l’absence de places de parking proches de l’usine, ce qui faisait perdre une demi-heure chaque jour, ou pour obtenir le désencombrement du quai de réception des pièces rendu dangereux par l’accumulation de caisses.

Au mois d’août, une minorité de travailleurs, intérimaires ou de la sous-traitance pour l’essentiel, continue de travailler pour finir d’urgence les bus incomplets. Pour les obliger à rester, la direction a fait du chantage : s’ils partaient en vacances, leur contrat ne serait pas renouvelé.

Ces conditions d’exploitation ont permis à la famille Agnelli de continuer à engranger des fortunes. Désormais, c’est une autre famille de parasites qui s’enrichit sur le dos des travailleurs. La nationalité des propriétaires de l’usine n’y change rien : les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se défendre.

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