Jtekt : à Dijon, face aux licenciements06/08/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/08/JtekT.jpg.420x236_q85_box-45%2C272%2C1507%2C1095_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Jtekt : à Dijon, face aux licenciements

Jtekt, filiale de la multinationale Toyota, se présente comme le leader mondial des directions assistées. Elle a versé 120 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires pour l’année 2024-2025. Pour accroître ses profits, elle supprime 85 emplois à Chevigny-Saint- Sauveur, près de Dijon et 112 sur le site d’Irigny, près de Lyon.

Illustration - à Dijon, face aux licenciements

Ces annonces, mais aussi les méthodes de Jtekt, ont provoqué des réactions des travailleurs dans les deux usines. À Chevigny, où travaillent aujourd’hui moins de 500 personnes, le groupe a officiellement mis en route son plan de licenciements en septembre 2024, en associant l’État, les pouvoirs locaux et les syndicats.

Alors que la hiérarchie préparait depuis longtemps ces projets, ces réunions de toutes les instances ont servi à lanterner les ouvriers sans leur donner la moindre information. En janvier, une première vague de 85 licenciements avait été annoncée. Le 23 juin seulement, les syndicats dont FO, majoritaire et proche de la direction, ont appelé chaque équipe à faire quelques heures de débrayage. Encouragés par cette première action, largement suivie par les travailleurs, les syndicats l’ont renouvelée la semaine suivante.

Cette fois, l’équipe de nuit a débrayé avant l’heure fixée, continuant durant toute la nuit du 2 au 3 juillet. Une partie des travailleurs du matin a repris le flambeau, rejointe par quasiment toute leur équipe à l’heure du débrayage. Sur le piquet de grève, malgré le grand nombre de présents, les représentants syndicaux étaient discrets pour ne pas dire absents, comme s’ils voulaient installer une atmosphère de défaite. Un noyau de grévistes a pris les choses en main, organisant des prises de parole, l’abri des grévistes, le piquet et la communication entre les équipes.

Le lendemain, la DRH de l’usine a demandé à rencontrer les grévistes. Dans un vote unanime, l’équipe du matin a refusé, suivie par celle d’après-midi. Dans cette usine, où les traditions héritées de Peugeot puis de Toyota sont celles d’une hiérarchie de combat, qui impose des cadences infernales, des insultes et un flicage permanent, ce refus unanime aura été le point fort de la journée et une affirmation de l’indépendance des grévistes.

La grève s’est poursuivie encore deux jours pendant lesquels les grévistes, au moins 120, ont cherché à s’adresser aux non-grévistes pour renforcer le mouvement, sans en entraîner de nouveaux. De son côté, la direction a fait durer les négociations, sans en annoncer les résultats. Les syndicats, tout aussi muets, ont commencé à contester l’organisation indépendante des ouvriers sur le piquet, qui n’en n’ont pas tenu compte.

Face au risque d’essoufflement, les grévistes ont alors fait le choix de rentrer tous ensemble, la tête haute. S’ils n’ont pas gagné, ils ont retrouvé le chemin de la solidarité entre eux et acquis l’expérience qu’il n’y a pas besoin d’étiquette pour se battre, mais seulement d’avoir la conviction de partager les mêmes intérêts.

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