S’il promet aux magistrats une loi en fin d’année, c’est surtout à l’électorat de droite que sa lettre s’adresse.

Dans sa lettre de quatre pages, Darmanin l’admet : il y a d’importants dysfonctionnements dans la Justice, et la surpopulation carcérale crée « des conditions indignes, avec plus de 5 000 matelas au sol dans les prisons ». C’est cette situation qui avait conduit le rapport officiel commandé par son prédécesseur à recommander « une réduction de peine exceptionnelle » afin de désengorger un peu les prisons, dont le taux d’occupation est actuellement de 133 %.

Alors que Retailleau dénonce tous les quatre matins le « laxisme » de la société et que Wauquiez, plus fort que Le Pen, propose de déporter les migrants à Saint-Pierre-et-Miquelon, il n’est évidemment pas question pour Darmanin de rater une occasion de surenchère sécuritaire et d’aller dans le sens d’une réduction de peine ! C’est donc au nom du bon sens et de l’efficacité que le ministre propose d’abolir le sursis pour les peines de prison, de rétablir des durées de peine minimales et de créer des « prisons à thème » pour séparer les détenus suivant leur niveau de dangerosité.

Rien de tout cela ne répondra à la crise du système pénitentiaire ni ne désengorgera les tribunaux et les prisons. Cela ne permettra pas plus de lutter vraiment contre la délinquance, que la prison nourrit au moins autant que la rue. Mais ce n’est pas le problème de Darmanin, tout occupé qu’il est à se faire une bonne place, en direction de l’électorat de droite et d’extrême droite, parmi les candidats de son camp qui visent la prochaine présidentielle.