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Kenya : la colère explose à nouveau
Les manifestants rassemblés le 25 juin dans le centre-ville de Nairobi, la capitale du Kenya, ont été sauvagement réprimés. La police a tué huit d’entre eux et procédé à près de 500 arrestations.
Il s’agissait ce jour-là de commémorer le soulèvement survenu un an auparavant, le 25 juin 2024. La jeunesse kenyane protestait alors contre un projet de budget augmentant les taxes sur le pain et l’essence et avait affronté la police et l’armée pour envahir le Parlement. Le président, William Ruto, obéissant aux injonctions du FMI, se faisait fort avec ces taxes de prouver qu’il était capable de pressurer la population pauvre pour honorer le paiement des intérêts de la dette. Il avait dû retirer son projet, mais 60 personnes avaient été tuées et des dizaines d’autres n’ont jamais été retrouvées.
La situation n’a guère changé depuis. Le Kenya étant en permanence au bord du défaut de paiement, la Banque mondiale maintient sa pression. Pour faire face aux échéances de la dette, elle exhortait encore en mai le gouvernement à supprimer les exonérations de certaines taxes à la consommation, suppression qui ferait augmenter les prix. William Ruto, quant à lui, fait plus que jamais insulte à la population pauvre, à la jeunesse et aux habitants des bidonvilles, en affichant une richesse ostentatoire, montres coûteuses au poignet et demeures luxueuses. La police, pour sa part, rançonne quotidiennement la population et les enlèvements ne se comptent plus. Ainsi le 8 juin 2025 un enseignant et blogueur connu, Albert Ojwang, a été retrouvé mort dans la cellule où il était en garde à vue, avec des marques d’étranglement autour du cou et des traces de coups sur tout le corps. À la suite des manifestations organisées pour dénoncer cet assassinat, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux montrant un policier tirant à bout portant sur un protestataire.
Fait notable et encourageant, la jeunesse révoltée clame : « nous n’avons pas d’ethnie ». Ces mots sonnent comme un désaveu du système clanique et tribal hérité de la domination britannique, dans lequel les dirigeants enferment la population depuis l’indépendance. Chaque responsable politique s’appuie sur son ethnie pour parvenir ou se maintenir au pouvoir, et ces rivalités ont à plusieurs reprises débouché sur des affrontements sanglants.
Au Kenya comme dans bien d’autres pays d’Afrique, les banquiers et les gouvernants des pays riches se servent de chiens de garde comme Ruto pour rançonner la population pauvre. Mais celle-ci, et en particulier la masse des jeunes, ne l’accepte pas et laisse régulièrement exploser sa colère.