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Leur société
Lecornu : budget surprise mais sans mystère
Trois semaines après sa nomination comme Premier ministre, Sébastien Lecornu laisse filtrer au compte-gouttes quelques orientations de son futur budget. S’il lui faut se différencier de Bayrou sur la forme, le fond reste évidemment le même, servir le patronat.

Pour soigner la rupture de façade, Lecornu a abandonné la suppression des deux jours fériés annoncée par Bayrou, et a promis la fin des privilèges à vie des anciens Premiers ministres. Mais, il s’est également empressé de confirmer dans une interview au Parisien qu’il refusait l’impôt symbolique sur les riches que proposait le Parti socialiste : il n’y aura ni taxe Zucman ni retour de l’ISF.
L’Élysée a annoncé dimanche le gel de sa dotation, puis, lundi, Matignon le gel des dépenses de fonctionnement : même pas une goutte d’eau dans la mer. Là où le plan d’attaque de Bayrou cet été correspondait à un objectif de déficit de 4,6 %, Lecornu annonce qu’il vise 4,7 %, autant dire la même chose. Il n’est pourtant pas pressé de détailler son budget car il s’agira de décrire la manière de présenter la facture aux classes populaires : en diminuant les budgets de la santé, des écoles ou autre, en augmentant le nombre de jours travaillés comme le voulait Bayrou ? Sans doute tout cela à la fois. Alors que de plus en plus de travailleurs expriment qu’ils n’en peuvent plus, et que les annonces de Bayrou avaient suscité une émotion dans les couches populaires au point de faire discuter du 10 septembre tout l’été, Lecornu marche sur des œufs et ne veut pas mettre le feu aux poudres.
De plus, faire voter le budget nécessite soit les voix des députés de la gauche, soit celles du RN ou, à tout le moins, leurs abstentions bienveillantes. Mais les partis d’opposition, tout respectueux qu’ils soient de la continuité gouvernementale, ont tout intérêt à se positionner contre Macron, et donc contre Lecornu, en vue des prochaines élections.
Le Premier ministre ne pourra pas surseoir éternellement. Alors que le patronat claironne sur tous les tons : « Ce n’est pas à nous de payer » et « par ici la monnaie », il s’agit de faire payer les classes populaires, et pour cela de trouver des ministres, de présenter un budget et de le faire voter. Si Lecornu n’y parvient pas, un autre sortira du chapeau, avec ou sans dissolution, avec la même mission.