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- Lutte ouvrière n°2982
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Leur société
Lecornu : écorner les riches pour écorcher les pauvres ?
Le Premier ministre nouvellement promu Sébastien Lecornu se trouve devant la même feuille de route et les mêmes difficultés que ses prédécesseurs.

Pour conforter les profits des grandes entreprises et les rentes de leurs actionnaires dans cette période troublée, son gouvernement devra réduire la part qui revient aux travailleurs, aux retraités, aux services publics utiles à la population, aux budgets dits sociaux. Il lui faut donc trouver une majorité relative de députés prêts à le soutenir et, surtout, il doit inventer l’enrobage politique pour que la population l’accepte et que chaque parti ministériel puisse dire à ses électeurs qu’il n’a pas trahi son programme.
Les gages promis à la droite et à l’extrême droite sont connus, à commencer par le maintien de Retailleau au ministère de l’Intérieur et de la xénophobie. Mais Lecornu doit obtenir la non censure d’une partie au moins de la gauche, des députés du PS en particulier, assortie de la bienveillance de quelques directions syndicales. Et il doit faire baisser la pression sociale découlant du contraste flagrant entre les fortunes accumulées par une toute petite minorité et les difficultés croissantes de l’écrasante majorité.
Il n’y a qu’un seul chemin pour donner l’illusion de la justice, faire payer, si peu que ce soit, les milliardaires. Il faudrait, comme nombre de responsables politiques et d’éditorialistes l’en pressent, que Lecornu ose demander demain quatre milliards aux ultra-riches pour pouvoir extorquer tout de suite quarante milliards à la population travailleuse.
La difficulté pour Lecornu ne vient pas des députés de gauche et des dirigeants syndicaux habitués à se vendre pour pas grand-chose. La difficulté est que le grand patronat ne veut pas céder un centime et le fait savoir à cor et à cri, sur tous les médias, de toutes les façons.
Mais, que les milliar- daires se prêtent, volontairement ou pas, à la comédie, que les députés de gauche acceptent ou non de tenir leur partition, que ceux du RN continuent ou pas de jouer à l’opposition responsable qui laisse faire le gouvernement, que Lecornu parvienne ou non à trouver des comparses, que Macron dissolve ou qu’il démissionne, il s’agira en définitive pour tous ceux-là de trouver le moyen de faire payer les travailleurs.