Légionellose : les mesures de prévention pas toujours prises01/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2983-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Légionellose : les mesures de prévention pas toujours prises

La légionellose vient de tuer une deuxième personne en Savoie. Des dizaines d’autres sont hospitalisées, parfois en réanimation. Un autre cluster a été découvert en Haute-Saône. Mais les bactéries à l’origine des infections ne sont pas les seules responsables de ces drames.

Pour soigner les personnes contaminées, il faut des soins intensifs et une surveillance incessante en réanimation. Car, sous sa forme sévère, cette maladie provoque une infection pulmonaire très grave, voire mortelle.

Cette maladie doit son nom à sa découverte en 1976 lorsque 29 membres de l’American Legion, une association d’anciens combattants, sont morts car ils avaient été infectés par les bactéries présentes dans le système de climatisation de leur hôtel, lors d’un congrès. Depuis, de multiples cas ont été identifiés comme victimes de cette bactérie et beaucoup en sont morts.

La principale bactérie responsable des contaminations se développe dans les réseaux d’eau chaude, entre 15o et 50o. Au- dessus de cette température, les bactéries ne survivent pas. Les installations sanitaires et les climatisations collectives (immeubles, piscines, hôtels, douches des gymnases) sont donc les lieux propices à son développement.

Toutes les contaminations ne sont pas mortelles et, de plus, la médecine a développé un antibiotique qui permet de guérir en cas d’infection grave. Mais cette forme aiguë n’est pas facile à identifier car elle peut être confondue avec une simple grippe et ne pas être prise à temps. C’est pourquoi la question de la prévention est essentielle. Et c’est là que le bât blesse parfois.

Pourtant, depuis des années les recommandations de l’Agence Régionale de Santé (ARS) sont connues. Les principales concernent la responsabilité des bailleurs sociaux ou des syndics. Il s’agit de maintenir la température de l’eau chaude dans les circuits communs, de surveiller et de faire des prélèvements réguliers, ainsi que de prévoir des nettoyages annuels des installations. Mais cela a un coût, en plus du chauffage, car plus l’eau est chaude dans les canalisations, plus celles-ci sont attaquées par le calcaire et doivent être nettoyées. C’est pourquoi certains syndics se permettent de faire des économies et tentent de renvoyer la responsabilité sur les résidents.

En cas de suspicion, l’ARS peut imposer aux propriétaires de faire des prélèvements pour révéler la présence ou non de légionelle dans un secteur. Mais même quand la réponse est positive, les suites données sont totalement opaques. L’ARS ne peut pas forcer les propriétaires d’immeubles ou les gestionnaires à prendre les mesures qui s’imposent.

En 2017 à Marseille, il a fallu la mort d’un homme pour que des mesures soient prises. Il habitait un immeuble où des cas avaient été signalés depuis 2011. Après son décès, les analyses confirmèrent les soupçons. Malgré cela, des centaines de locataires ont dû se battre pour obtenir une décision de justice qui force le bailleur à faire un audit. Puis, après les résultats toujours positifs, il a fallu un arrêté préfectoral pour l’obliger à prendre les mesures adéquates.

Aujourd’hui, alors qu’on sait prévenir, détecter et soigner la légionellose, elle fait encore trop de victimes. Et la véritable cause n’est pas tant la bactérie que les conditions dans lesquelles elle prolifère, dans des logements et des immeubles dont les bailleurs ne respectent pas les recommandations médicales. Entre la santé et la recherche du profit maximal il y a toujours eu incompatibilité.

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