L’offensive israélienne ne libérera pas la population !18/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2968-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

L’offensive israélienne ne libérera pas la population !

En attaquant l’Iran, Netanyahou a prétendu agir comme un libérateur dont les bombardiers allaient accélérer la chute du régime des mollahs. Mais c’est d’abord la population iranienne qui trinque !

Outre les travailleurs tués sur les sites détruits, et pas seulement des ingénieurs spécialistes du nucléaire, des centaines de civils ont péri sous les bombes israéliennes. Sous prétexte d’abattre des hauts cadres du régime, des immeubles entiers ont été détruits en pleine ville. Des infrastructures vitales, des raffineries, des installations portuaires ou encore le bâtiment de la télévision publique ont été visées. En Iran comme à Gaza, l’aviation israélienne n’hésite pas à bombarder des hôpitaux, comme l’a été celui de Kermanshah, dans l’ouest du pays.

Avec son cynisme habituel, l’armée israélienne a sommé la population d’un vaste quartier de Téhéran de l’évacuer quelques minutes avant de le viser. Mais comment les 15 millions d’habitants d’une mégapole comme Téhéran, saturée en permanence par les embouteillages, pourraient-ils fuir ? La société iranienne est, depuis des années, marquée par la vie chère, les pénuries de toutes sortes, les emplois cumulés pour survivre, les coupures régulières d’internet. Les alertes et les bombes ne peuvent qu’aggraver ce quotidien, et d’abord celui des classes populaires.

Les morts, les destructions et l’angoisse des alertes permanentes engendrées par l’attaque israélienne pourraient avoir comme effet de ressouder tout ou partie de la population derrière le régime plutôt que d’accélérer sa chute. Bien sûr, la République islamique et ses dirigeants, à commencer par l’ayatollah Khamenei, sont haïs par des couches de plus en plus larges de la population. Parmi les femmes et les jeunes qui se sont révoltés massivement en 2022 après l’assassinat de Mahsa Amini pour un voile mal ajusté, parmi les classes populaires qui subissent l’inflation et l’arbitraire de dignitaires corrompus et richissimes, parmi les travailleurs qui doivent lutter pour obtenir le simple paiement de leur salaire, beaucoup n’ont aucune raison de pleurer la mort de leurs bourreaux, tués par les bombes israéliennes. Mais l’état d’urgence imposé en Iran par la guerre permet à la police et aux Pasdarans de traquer les opposants, accusés de trahison, et d’exécuter des prisonniers politiques en toute discrétion.

Quelle libération pourrait être apportée par des bombes qui visent des civils ? Quelle libération attendre de l’État israélien, qui se livre à un massacre de masse à Gaza depuis 19 mois et qui opprime les Palestiniens depuis 77 ans ? Aucune ! Les Iraniens ne peuvent avoir oublié le sort qui fut réservé à l’Irak voisin, après que la coalition internationale dirigée par les États-Unis, en 2003, eut chassé et exécuté le dictateur Saddam Hussein. L’État irakien a été démantelé, les infrastructures jamais reconstruites et le pays, morcelé, a été livré à des seigneurs de guerre. C’est le sort que pourrait connaître l’Iran si la chute du régime des mollahs faisait suite à l’offensive militaire israélienne et non pas à une révolution dirigée par les travailleurs et les classes populaires.

En visant la République islamique, les dirigeants israéliens n’ont que faire du sort de la population iranienne. Ils veulent affaiblir, et peut-être abattre, sans avoir pour autant une solution de rechange, un régime qui n’est pas entièrement soumis à l’impérialisme et qui était jusqu’à peu une puissance régionale concurrente d’Israël. Halte à l’agression israélienne en Iran !

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