Ce projet de loi répond aux exigences des plus grands exploitants agricoles et de leurs alliés de l’agro-industrie. Sans surprise, il est défendu par la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), dont les dirigeants sont eux-mêmes des hommes d’affaires voire des spéculateurs plus que des paysans. Il y a quelques semaines, la FNSEA avait d’ailleurs manifesté en faveur de cette loi devant l’Assemblée nationale.

Si elle était votée, cette loi réintroduirait, par exemple, un insecticide très nocif, un néonicotinoïde, interdit depuis 2018 mais que réclament les propriétaires des grandes exploitations betteravières ou céréalières, sans se soucier le moins du monde de la santé des ouvriers agricoles qui auront à manipuler cette substance cancérigène. Cette loi développerait aussi le système des megabassines de rétention d’eau qui, sous prétexte de stockage, est un moyen pour les grandes exploitations céréalières d’accaparer celle-ci au détriment des plus petites exploitations.

La FNSEA prétend toujours parler au nom des « paysans » comme s’il s’agissait d’une seule population ayant les mêmes intérêts. Mais, en fait, « le monde agricole n’est pas unanime », comme l’a dit le porte-parole de la Confédération paysanne. Car, par bien des aspects, les premiers adversaires des petits paysans sont les plus gros exploitants, qui brassent des milliards et sont de véritables capitalistes alors que les premiers ne vivent que du fruit de leur travail et sont souvent au bord de la faillite. Les intérêts des uns sont directement opposés aux intérêts des autres. Les manifestations autour de cette proposition de loi en témoignent.