Loi Duplomb : un recul en trompe-l’œil13/08/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/08/P3-3_Loi_Duplomb_Betteraves_r%C3%A9colt%C3%A9es_C_Pixabay.jpg.420x236_q85_box-2%2C0%2C800%2C449_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Duplomb : un recul en trompe-l’œil

Le succès de la pétition contre la loi Duplomb, qui a recueilli plus de deux millions de signatures en quelques semaines, a conduit le Conseil constitutionnel à invalider son article le plus controversé.

Illustration - un recul en trompe-l’œil

Le retrait de cet article qui permettait la réintroduction d’un pesticide interdit en France depuis 2018, l’acétamipride, a permis que le reste de la loi passe. Son utilisation était exigée par les industriels français de l’agroalimentaire, et notamment ses plus gros utilisateurs, ceux de la betterave, avec l’argument que leurs concurrents ont toujours recours à ce pesticide. En réalité l’Union européenne a déjà interdit presque tous les produits de sa famille chimique, les néonicotinoïdes, une catégorie d’insecticides dérivés de la nicotine et, sans les pressions des industriels, l’acétamipride l’aurait déjà été également à l’échelle internationale.

Les néonicotinoïdes agissent sur le système nerveux des insectes et sont en effet connus pour avoir entraîné, depuis leur mise sur le marché dans les années 1980, une forte mortalité chez les abeilles. Ils sont aussi soupçonnés d’avoir des conséquences graves à terme sur la santé humaine, en altérant le développement du cerveau et du système reproducteur. En juillet, le conseil de l’Ordre des médecins avait demandé le maintien de son interdiction.

Pourtant, malgré cette invalidation et les protestations bruyantes de la FNSEA, du gouvernement et du sénateur LR Duplomb lui-même, les patrons de l’agrobusiness ont de quoi se réjouir. Car l’essentiel de la nouvelle loi a été validé par le Conseil constitutionnel.

Divers obstacles sont levés qui s’opposaient à l’extension jusqu’au gigantisme des élevages de porcs de bovins ou de volailles. La constitution de « mégabassines », permettant aux grandes exploitations céréalières d’accaparer l’eau au détriment des plus petites, sera facilitée. Peu importe que les rejets dans l’environnement provoqués par les élevages intensifs de porcs asphyxient des kilomètres de côtes par la prolifération des algues vertes, ou que les ressources en eau potable soient menacées dans des régions entières, les profits de l’agroalimentaire doivent passer en premier.

Mardi 12 août, Macron s’est empressé de signer le décret d’application de cette loi. Il sera toujours temps pour les partisans de l’acétamipride de revenir à la charge pour tenter de le réintroduire.

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