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- Lutte ouvrière n°2984
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Leur société
LR au bord de la crise de nerfs
Bruno Retailleau a été vexé comme un pou du fait, affirme-t-il, que Sébastien Lecornu, à la veille de l’annonce, le 5 octobre, de son ex- nouveau gouvernement, « [lui] a caché qu’il y aurait la nomination de Bruno Le Maire ».

Retailleau s’est vengé en se désolidarisant de son ancien collègue chez les Républicains, poussant Lecornu à jeter l’éponge et à donner sa démission.
La prétendue incompatibilité entre les deux Bruno de la droite et autres raisons laborieusement avancées par l’ex- futur-ex ministre de l’Intérieur ne font qu’illustrer les gesticulations des LR pour exister en tant que parti politique doté d’un programme que les commentateurs puissent différencier de celui de son concurrent, le RN.
Elle en est donc réduite là, la « grande famille gaulliste », de RPF en LR, en passant par l’UNR, l’UDR, le RPR, l’UMP… Après avoir fourni de nombreuses têtes d’affiche réactionnaires à la bourgeoisie française pendant des décennies, elle n’a donc plus que ces dérisoires moyens pour rappeler à ses mandants qu’elle existe encore ? Certes, elle n’a recueilli aux dernières élections législatives que 7,4 % des voix, mais elle dispose tout de même, grâce aux alliances électorales, de 50 députés. Le Sénat lui est acquis, ainsi que des régions et bien des élus locaux.
Et pourtant, visiblement, la fébrilité gagne. C’est que déjà des rats ont quitté le navire, des Ciotti et même des Sarkozy lorgnent clairement vers le RN, et semblent suivre une pente inexorable. Depuis longtemps, sous la pression de son concurrent d’extrême droite, LR penche de plus en plus dans cette direction. Et de réclamer, comme l’a fait Retailleau, que « toute la politique des visas » soit attribuée à son ministère et que l’Aide médicale d’État (AME) soit durcie. Et de diaboliser les travailleurs immigrés anciens ou récents, au point que la droite tend progressivement à effacer ses frontières avec le RN. Ses têtes d’affiche, Bertrand, Wauquiez, Pécresse ou Bellamy, doivent pour se différencier de la bande concurrente inventer des postures, du haut de sa région ou de sa clique, bouder, ou jouer le grain de sable qui bloque la mécanique politique dans la mesure où le grand patronat le tolère.
La « droite la plus bête du monde », comme l’avait qualifiée il y a près de 70 ans Guy Mollet, dirigeant de la SFIO, en est réduite à se chercher un créneau, une petite place dans le caniveau. Mais voilà que déjà Le Pen, Bardella et Zemmour y règnent en maîtres.