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Macron au Bourget : pont aérien pour les profits
En visite au Salon du Bourget vendredi 20 juin, Macron est descendu du ciel, sa hotte bien remplie de cadeaux pour les actionnaires des secteurs de l’aéronautique, de l’aérospatiale et, plus inattendu, du transport maritime.

L’arrivée de Macron à bord d’un A400M de l’Armée de l’air et de l’espace sur le tarmac du Bourget, accompagné de Lecornu, le ministre de la Défense, et de deux galonnés, inscrivait la visite présidentielle dans le climat de propagande militariste désormais habituel au sommet de l’État. Sans surprise, Macron a péroré sur la souveraineté nationale, la défense de la France et de l’Europe. Le cœur de la visite présidentielle a été la compétition spatiale avec « un espace qui est de plus en plus contesté instable, offensif […], la défense repose sur l’industrie spatiale », a martelé Macron.
Ce n’était pas que des mots. Macron a annoncé que l’État allait investir plus de 700 millions d’euros, et à terme plus d’un milliard, dans l’opérateur de satellite Eutelsat et en devenir l’actionnaire principal. Troisième opérateur de satellites au monde en termes de chiffre d’affaires, Eutelsat est en compétition – en guerre commerciale devrait-on dire – pour déployer des satellites en orbite basse avec, entre autres, Starlink de Musk et Kuiper, la filiale spatiale d’Amazon. Eutelsat a son siège à Issy-les-Moulineaux, c’est officiellement un groupe français, « un trésor stratégique », a déclaré Macron. Il a garanti à cette société une manne d’argent public mais les profits iront dans les caisses des actionnaires d’Eutelsat, notamment le groupe indien Barthi Space et l’armateur CMA CGM, entré au capital de l’opérateur car il utilise ses satellites pour guider ses porte-conteneurs.
En devenant majoritaire dans Eutelsat, l’État va arroser un large spectre des industries de l’aéronautique et de l’aérospatiale impliquées dans la fabrication des satellites. Cerise sur le gâteau, Eutelsat a signé au Salon du Bourget pour les dix prochaines années avec le ministère des Armées un contrat d’un milliard d’euros portant sur les communications militaires spatiales. La constellation des satellites OneWeb d’Eutelsat donnera à l’armée française un accès prioritaire à du renseignement, ce que Starlink fait pour les forces armées américaines.
Le Noël en été d’Eutelsat n’a rien de réjouissant : outre que la pompe d’argent public à destination des profits privés va fonctionner à plein régime, la militarisation de la société mêlant compétition entre groupes privés et confrontations entre États jusque dans l’espace est en marche.