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Leur société
Des malades et leur famille livrés à eux-mêmes
Des dizaines de milliers de malades, souffrant de la maladie d’Alzheimer ou d’autres pathologies entraînant une perte de leur autonomie, se retrouvent contraints d’abandonner leur domicile.
Ces malades sont placés dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Mais il y a très loin de l’intitulé à la réalité vécue par ces patients et leur famille.
On pourrait penser que cela entre dans le cadre d’une prise en charge médicale. Or, pour l’essentiel, ce n’est pas le cas. La Sécurité sociale ne prend pas en charge la dépendance, hormis des soins ponctuels. Seuls 13 % des Ehpad ont un service spécialisé pour les malades d’Alzheimer et seulement 10 % pour les Ehpad à but lucratif. Et, de toute façon, ces services sont loin de correspondre aux nécessités réelles. Les établissements proches des hôpitaux qui reçoivent des groupes de malades d’Alzheimer en hôpital de jour, pour améliorer leur état, doivent mobiliser pendant une journée, indépendamment de la restauration, au moins quatre soignants pour un maximum de 10 à 15 patients.
Pour l’essentiel, les patients ou leur famille supportent des frais d’hébergement qui étaient en moyenne, lors de la dernière évaluation officielle, de 2 500 euros par mois en province et de 3 200 euros en région parisienne. Les frais liés à la prise en charge de la dépendance s’élèvent, eux, de 5 à 20 euros par jour.
Il est scandaleux que la prise en charge des patients se retrouvant en Ehpad soit pour une bonne part à leur charge et à celle de leur famille. Ceux qui bénéficient d’une retraite confortable de 5 000 euros ou plus, ou dont la famille en a les moyens, peuvent aborder ces situations sans trop d’angoisse financière. Ce n’est pas le cas de tous les autres, c’est-à-dire de l’immense majorité de la population.
En effet, ceux-là, n’ont que la possibilité de faire appel à l’ASH, l’aide sociale à l’hébergement, qui a été confiée aux départements. D’entrée, seuls 44 % des Ehpad à but lucratif acceptent des patients bénéficiant de cette aide. Il s’agit d’une avance qui entraîne, si elle est accordée, la saisie de la retraite des intéressés jusqu’à ne leur laisser que 10 % de son montant, avec quand même un minimum de 124 euros. De plus, quand cette aide à l’hébergement est demandée, ses bénéficiaires sont astreints, s’ils sont propriétaires d’une maison ou d’un logement, de signer une hypothèque au bénéfice de l’État ou du département. Ainsi ceux-ci sont autorisés, au décès de l’intéressé, à vendre ce bien pour récupérer les sommes avancées au titre de l’ASH. Ce qui peut avoir des conséquences désastreuses pour le conjoint ou la compagne qui y vivent.
Voilà comment l’État se défausse de la prise en charge des malades d’Alzheimer et d’autres affections graves qui entraînent une perte d’autonomie.