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Leur société
MaPrimeRénov’ : le pas de deux du gouvernement
Lundi 16 juin, le gouvernement, qui avait annoncé la suspension pour l’été du dispositif MaPrimRénov,’ est revenu en arrière.
Valérie Létard, la ministre chargée du logement, a assuré que les demandes d’aide au financement d’interventions uniques seraient maintenues.
Les propriétaires devraient donc pouvoir continuer à faire des demandes d’aide pour des « monogestes », par exemple le changement d’une vieille chaudière énergivore ou la pose de fenêtres plus isolantes. Par contre, les dossiers d’interventions globales – et donc plus chères – restent suspendus.
Mis en place en 2020, le dispositif a coûté un peu plus de trois milliards d’argent public ces deux dernières années. Selon le rapport 2024 de l’Agence nationale de l’habitat, MaPrimeRénov' a permis, depuis sa création, d’aider à la rénovation de plus de 2,4 millions de logements, pour le compte de propriétaires occupants mais aussi de bailleurs et de copropriétés, générant au total près de 37 milliards d’euros de travaux pour les entreprises du bâtiment. En mal d’économies, le gouvernement Bayrou prétextait l’afflux trop important de dossiers et la multiplication des fraudes pour mettre le dispositif en pause estivale.
Ce n’est évidemment pas le sort des ménages confrontés à la hausse de leurs factures d’énergie et à l’inconfort, voire à l’insalubrité, de logements mal équipés ou mal isolés qui a convaincu le gouvernement de revenir en partie sur la suspension du dispositif. Ce ne sont pas davantage les inquiétudes liées au bilan carbone désastreux des passoires thermiques. Les ministres ont été bien plus sensibles aux protestations du patronat du bâtiment.
En effet, Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment, avait menacé de descendre dans la rue le 2 juillet, affirmant : « Nous n’avons pas de tracteurs mais nous avons des grues, ça peut faire mal. » Comme n’importe quel représentant patronal, il prétendait parler au nom des petits : les artisans étranglés, les modestes propriétaires et même les 800 000 travailleurs du bâtiment, menacés de licenciement si les aides disparaissaient.
À défaut de sauver la planète ou d’éradiquer l’habitat indigne, les rois du béton se sont fait entendre d’un gouvernement toujours prompt à satisfaire les revendications des patrons, grands et petits.