Maroc : “des milliards pour la santé, pas pour la CAN !”01/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2983-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : “des milliards pour la santé, pas pour la CAN !”

Malgré l’interdiction des autorités, depuis samedi 27 septembre, des centaines de jeunes manifestent dans la plupart des grandes villes, principalement à l’ouest du pays, pour plus de justice sociale et contre la corruption au moment où des milliards sont investis pour préparer la CAN 2025 (Coupe d’Afrique de football) et la Coupe du monde 2030.

Le décès en dix jours de huit femmes enceintes admises pour césarienne, à l’hôpital public Hassan II d’Agadir, mi-septembre, a provoqué la colère des habitants et plus largement la mobilisation actuelle dans la jeunesse marocaine. Des rassemblements de la population devant « l’hôpital de la mort » ont dénoncé le manque criant de soignants, de personnel et l’indigence criminelle des équipements. Le limogeage de la direction de l’hôpital n’a rien calmé. La colère y est d’autant plus forte que le maire d’Agadir n’est autre que le premier ministre, Aziz Akhannouch, multimilliardaire, deuxième fortune du pays, qui lors de sa nomination à la tête de l’exécutif en 2021, s’était vu gratifié d’un mandat de maire. Il avait promis un CHU moderne et du travail pour la jeunesse de la ville.

Révoltée par la dégradation des services publics les plus élémentaires et indispensables à la population pauvre, des jeunes ont réagi en multipliant les appels sur les réseaux sociaux et en descendant dans les rues de Rabat, Casablanca, Agadir, Tanger, Kénitra, Al Hoceima, Marrakech, tout au long des journées du samedi 27 et du dimanche 28 septembre. Ils revendiquent des moyens pour un meilleur système de santé, d’éducation et la création massive d’emplois. Durement touchés par le chômage, ces jeunes manifestants des milieux populaires, souvent diplômés, ne demandent qu’à être enseignants, soignants, brancardiers, infirmiers, éducateurs, électriciens, plombiers, agents d’entretien… Avec des slogans comme « La santé, l’éducation, le travail et l’eau d’abord, nous ne voulons pas de la coupe du monde », ils dénoncent l’accroissement des inégalités, l’argent qui va toujours à l’argent et, pour la CAN et la Coupe du monde, « des investissements ne servent qu’à enrichir les déjà riches ». Ils réclament une réorientation de l’argent de l’État vers les couches populaires et ne supportent plus la corruption et les passe-droits.

Les arrestations policières se sont abattues sur les manifestants dès les premières minutes. Poursuivis jusque dans les quartiers et entraînés manu militari, par dizaines vers les camions des forces de répression. Intimidés puis relâchés pour la plupart, cela a surtout suscité de l’émotion et fait descendre de nouveaux manifestants, jeunes et moins jeunes au cri de « Nous sommes pacifiques et vous nous réprimez ». Lundi 29 septembre les manifestations continuaient à El Jadida, Tanger, Casablanca, Tétouan...

Ceux qui se mobilisent expriment un ras-le-bol profond et ils ne comptent se laisser impressionner ni par la police, ni par les accusations de « manipulation de l’extérieur », ni par les enjeux de gros sous pour les bourgeoisies marocaine et occidentale et les politiciens à leur service.

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