Maroc : une jeunesse dans la rue08/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2984-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : une jeunesse dans la rue

Au Maroc, les manifestations contre les inégalités sociales et pour la chute du Premier ministre milliardaire, commencées fin septembre, continuent à réunir des milliers de jeunes et s’étendent.

Les premiers manifestants, qui avaient souvent autour de 25 ans, ont été rejoints par des lycéens voire des collégiens. Ils ont été confrontés à la répression, parfois très brutale, des forces policières. Trois jeunes ont été tués par les tirs des gendarmes au sud d’Agadir. Les arrestations par centaines et des violences sur des manifestants isolés ont entraîné un mouvement de sympathie et étendu la contestation à d’autres grandes villes, comme Nador et Oujda, au nord-est, et à de nombreuses petites villes délaissées.

Les manifestants réclament la libération des détenus, la justice pour deux jeunes grièvement blessés à Oujda par une fourgonnette de la police et la vérité sur la mort des trois jeunes d’Agadir. Ils veulent « des comptes maintenant ! »

Ces manifestations sont encore minoritaires et ne ciblent pas, pour le moment, le roi du Maroc, voire font appel à lui pour régler la situation. Pourtant, le roi est la première fortune du pays, lui et sa famille sont actionnaires majoritaires d’une holding, Al Mada (ex-SNI), qui domine de nombreux secteurs de l’économie, banques, télécommunications, immobilier, mines, grande distribution… La fortune insolente de la famille royale ne l’empêche pas de toucher une allocation annuelle de l’État de l’ordre de 250 millions d’euros, pour les frais de la cour.

Au bout d’une semaine de manifestations, le très riche chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, espérant calmer les protestations, a appelé « au dialogue », tout en déclarant continuer la même politique budgétaire. La réponse des manifestants a été claire : « Lâchez sur les revendications, partez et nous verrons ensuite. »

Ce mouvement de révolte de la jeunesse, qui se définit comme celui de la GenZ (génération Z) en référence aux révoltes des jeunes au Sri Lanka, au Bangladesh et au Népal, est parti à la mi-septembre des manifestations de colère des habitants d’Agadir après la mort en très peu de temps de huit femmes enceintes, faute d’équipements dans l’hôpital public de la ville.

Au Maroc, les protestations populaires et les marches de villageois contre la privatisation de l’eau, pour l’électrification et la connexion au réseau internet, la construction de routes goudronnées, les transports publics, l’accès aux soins… sont fréquentes. « On fait construire des stades de hockey pour la Coupe du monde alors que les victimes du tremblement de terre, à Al-Haouz, dorment encore sous des tentes depuis deux ans maintenant », s’insurgent les manifestants.

Ni les appels au dialogue ni la répression n’ont fait taire le mécontentement. Les manifestations pour la justice sociale, la santé et l’éducation reflètent le mécontentement profond existant dans les classes populaires.

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