Des pirates informatiques ont divulgué les salaires d’environ deux millions de personnes affiliées à la Sécurité sociale marocaine. Sans surprise, ils révèlent d’énormes disparités entre ceux des patrons et proches du roi, et ceux des simples travailleurs.

Le secrétaire particulier du roi, Mounir Majidi, émarge à 120 000 euros par mois, tandis que la fille aînée du chef du gouvernement, Soukayna Akhannouch, touche près de 110 000 euros en tant qu’administratrice d’Afriquia, la principale société de distribution de carburant, d’ailleurs détenue par son père. Comme l’a dit un salarié, « On connaissait les pistonnés et les pantouflards, on découvre ce qu’ils valent ».

Ce piratage met aussi en lumière l’autre bout de l’échelle des salaires. Un internaute a fait des statistiques à partir des documents mis en ligne : près de 80 % des salariés recensés par le piratage informatique gagnent moins de 6 500 dirhams (617 euros) par mois. Les travailleurs au smic, eux, doivent se contenter de 3 045 DH (289 euros), et même 2 255 DH (214 euros) pour les salariés agricoles. Les travailleurs du secteur informel, qui représente près des trois quarts de l’emploi total au Maroc, gagnent encore bien moins.

Il aurait été intéressant que les hackers dévoilent aussi les comptes et les bénéfices réels des grandes entreprises, y compris les multinationales françaises installées au Maroc pour profiter des bas salaires. Mais ce secret est bien gardé, car il est au cœur de l’exploitation capitaliste.