En réalité, cette maternité réalisait ces dernières années plus de 1 000 accouchements par an, et presque autant d’IVG, mais cela faisait près de quinze ans que l’ARS cherchait à la fermer. Quand, à la fin des années 2000, un projet de déménagement avait été développé pour faire face à la hausse du nombre d’accouchements et à la vétusté des locaux, l’ARS avait déjà freiné des quatre fers, en estimant le coût trop élevé. Depuis, les projets d’intégration dans d’autres structures hospitalières, toujours au détriment de la qualité des soins, selon le personnel, se sont succédé, chaque fois sous menace de fermeture. L’une de ces structures, à Livry-Gargan, a d’ailleurs elle-même été fermée depuis, ainsi que sa maternité.

C’est donc une fermeture de maternité de plus. C’est d’ailleurs au nom de la même prétendue sécurité que les directives gouvernementales exigent, depuis 1998, la fermeture de celles qui réalisent moins de 300 accouchements par an, laissant plus de femmes à des distances de plus en plus grandes d’une maternité, et augmentant en réalité les risques. Le nombre de maternités en France métropolitaine est ainsi passé de 700 en 2000 à 457 en 2023.

Quant au moratoire sur la fermeture des maternités, voté par l’Assemblée nationale en mai dernier, soit un peu tard par rapport aux dégâts déjà causés, l’ARS d’Île-de-France n’en a pas tenu compte. Il faut dire que ce moratoire prévoit une exception « en cas de danger pour la sécurité des patients », danger dont l’appréciation est évidemment laissée aux autorités.

Or, on mesure depuis 2011 une augmentation de la mortalité infantile en France, passée de 3,5 à 4,1 pour 1 000 naissances. La comparaison avec les autres pays européens est encore plus éloquente, puisque la France est passée de la première place en 1990 à la 23^e sur 27 en 2022. En Seine-Saint-Denis, ce taux de mortalité est de 5,4 pour 1 000 naissances, le plus élevé de France métropolitaine. Ce n’est certainement pas la fermeture d’une maternité supplémentaire qui améliorera la situation.