Mayotte : la police tue17/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2981-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : la police tue

Le 15 juillet, au moins deux personnes qui tentaient de rejoindre Mayotte sont mortes noyées en mer après que leur embarcation a été percutée par un intercepteur de la Police aux frontières. Loin d’être un accident isolé, il s’agit d’une pratique menée depuis de nombreuses années en toute impunité.

Une enquête parue dans le journal Le Monde détaille une réalité connue par toutes les familles immigrées de Mayotte, dont beaucoup ont perdu des proches dans la traversée depuis Anjouan, Madagascar ou la côte africaine. À bord de leurs navires puissants, les policiers manœuvrent pour créer des vagues jusqu’à faire chavirer les barques ou les percutent par l’arrière, précipitant souvent des passagers dans les flots. Un homme raconte avoir ainsi assisté, impuissant, à la noyade de son neveu de 4 ans.

Combien ces attaques ont-elles déjà fait de victimes ? L’enquête parle de 24 morts depuis 2007. Mais en réalité, comme pour les victimes du cyclone Chido, cela pourrait être bien plus, car les autorités ne se préoccupent pas de compter les morts. « À Mayotte, si dix personnes meurent, il n’y a pas de sujet », déclare un haut fonctionnaire avec un mépris tout colonial.

Ces crimes ne sont pas l’affaire de quelques brebis galeuses au sein de la police. Ils sont assumés et défendus par les différents rouages de l’appareil d’État, sous tous les gouvernements successifs. La police agit, le préfet la couvre et la justice regarde ailleurs. Ainsi, dans la dernière affaire, le préfet a affirmé que c’était la barque qui avait foncé sur l’intercepteur ! Un seul coup d’œil à ces embarcations précaires face aux navires modernes de la police permet de comprendre que c’est un mensonge éhonté. Quand elle ne laisse pas les affaires sans suite, la justice ne s’en prend qu’aux passeurs. Elle parvient à innocenter la police, même quand un homme a perdu ses deux jambes, déchiquetées par les hélices de l’intercepteur alors qu’il venait de tomber à l’eau après un abordage violent.

Tout l’appareil d’État mène à bien et défend cette politique barbare, qui s’en prend aux plus pauvres dont le seul tort est de vouloir échapper à la misère et aux guerres qui ravagent la région. Elle sert aussi à diviser la population laborieuse de l’île entre les Français et les étrangers. Pour maintenir son pré carré dans cette zone stratégique de l’océan Indien, la République française est prête à tout. Comme le dit un de ses sbires : « Nécessité fait loi ». Alors la nécessité est bien d’en finir avec cet ordre révoltant.

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