Mayotte : le trumpisme des autorités25/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2969-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : le trumpisme des autorités

À Mayotte, alors que les dégâts du cyclone Chido sont loin d’être réparés, que bien des enfants n’ont accès à l’école que deux heures par jour et qu’une épidémie de Chikungunya fait rage, l’État se lance dans une chasse à l’homme systématique contre les immigrés.

En janvier dernier, Valls, le ministre des Outre-mers en visite dans l’île dévastée, avait annoncé vouloir atteindre 35 000 expulsions en 2025, soit plus d’un habitant de l’île sur dix ! Voilà bien le seul objectif que l’État se donne les moyens d’atteindre au plus vite.

Depuis plusieurs semaines, les taxis collectifs sont systématiquement fouillés. Des mères de famille sont arrêtées sur le chemin de l’école ou en allant faire leurs courses. Sur Petite-Terre, la PAF (police de l’air et des frontières) fait des descentes dans les quartiers pauvres, et force la porte des maisons des bidonvilles. Les patrouilles interviennent tard dans la nuit, ne laissant aucun répit aux habitants. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes vivent ainsi dans la terreur des arrestations. « On ne vit pas. Je voulais rentrer mais la peur m’envahit », disait l’un d’eux, qui travaille toute la semaine sur des chantiers à Grande-Terre et voudrait retrouver sa famille sur Petite-Terre le week-end, ce qui suppose emprunter la barge très surveillée entre les deux îles.

Beaucoup de travailleurs se retrouvent sans papiers en raison du blocage de la préfecture par des collectifs de militants anti-immigrés mais aussi d’une politique générale qui freine la délivrance des titres de séjour et qui sévit aussi dans l’Hexagone. Un habitant est toujours sans réponse de la préfecture depuis plus de 7 mois. Et en cas de contrôle, rien ne sert de montrer qu’une démarche est en cours, la police expulse quoi qu’il en soit.

L’État, sous la houlette des Retailleau, Darmanin et autres politiciens en pleine surenchère xénophobe, mène la guerre à ceux-là même qui sont en train de reconstruire l’île : les ouvriers du BTP, ceux de la logistique, les pêcheurs, les femmes de ménage…

Au même moment, les parlementaires brassent du vent à l’Assemblée autour de la loi « refondation de Mayotte ». En fait, la refondation, les travailleurs, français ou étrangers, devront la faire ensemble. Et cela commence par ne pas tomber dans le piège empoisonné de la division.

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