Mayotte : Valls, une tournée de caporal03/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2979-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : Valls, une tournée de caporal

Lundi 1er septembre, ceux qui attendaient une réelle reconstruction de Mayotte se demandaient à quoi rimait une nouvelle visite du ministre Valls, alors que, neuf mois après le passage du cyclone Chido, le gouvernement n’a accouché que de paroles creuses.

La majorité des établissements scolaires ne peuvent fonctionner correctement par manque de personnel, de moyens matériels ou à cause de la dégradation des locaux. Des écoles restent fermées ou fonctionnent au ralenti, par rotation, une classe le matin, puis une autre l’après-midi. Des enfants âgés de 3-4 ans ne pourront pas être inscrits.

Les élèves comme l’ensemble des habitants subissent les coupures d’eau jusqu’à trois jours par semaine. La sécheresse est loin d’en être la première cause. Ainsi, depuis le 27 août, l’usine de dessalement de Petite-Terre a été confrontée à une série « d’incidents techniques », réduisant fortement sa production et étendant la pénurie jusqu’à Mamoudzou. En fait, comme pour tout le circuit de l’eau, dégradé et vieillissant, c’est le manque d’investissement et de personnel d’entretien qui provoque des pannes et une situation intolérable.

Le jour même de l’arrivée de Valls, le manque de contrôleurs aériens perturbait pour plusieurs jours les rotations entre Mayotte et La Réunion.

En août, les travailleurs de la direction des transports maritimes s’étaient mis en grève contre les menaces que l’arrivée de Transdev dans la billetterie fait peser sur leur emploi.

L’île est submergée de déchets qui ne sont toujours pas évacués. « On n’en peut plus, c’est vraiment difficile avec toute cette poussière. Tous les jours on est là, les déchets continuent à arriver, ça ne s’arrête pas », constatait un travailleur. Méprisant ce travail de forçat urgent et socialement utile, Valls rétorque qu’il y aura des solutions mais « Tout ça prend du temps, il reste encore beaucoup à faire » !

L’intersyndicale avait appelé les salariés du privé et les agents publics à cesser le travail et à interpeller Valls le 1er septembre pour l’« alignement immédiat et sans condition des droits » et pour dénoncer une « sous-citoyenneté inacceptable » qui perdure sur le territoire. Mais, bien sûr, la demande d’audience a été ignorée et la police était là pour interdire aux quelques dizaines de manifestants de s’adresser à sa seigneurie.

Valls avait choisi de commencer sa tournée en rencontrant les 120 nouveaux arrivés à la direction territoriale de la police nationale, administration spécialement déconcentrée pour les outre-mers depuis 2020. L’ex-« premier flic de France » se félicite du fait que nombre des nouveaux venus sont originaires de Mayotte, un avantage indéniable pour des missions de renseignement territorial…

Le gouvernement met en place à Mayotte un réseau de policiers et de militaires, complété sous peu par des auxiliaires mahorais. Les premières victimes sont les sans-papiers systématiquement expulsés, le plus souvent au mépris de leurs droits. Mais c’est toute la population que les autorités veulent accoutumer aux contrôles permanents, à l’omniprésence des militaires et à la délation.

En revanche, Valls promet que les capitalistes vont pouvoir prospérer sur l’île car « l’argent arrive, la loi a été votée » Les travailleurs et la population pauvre de Mayotte, eux, devront se battre pour obtenir leur dû.

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