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Leur société
Médecins étrangers : des discriminations insupportables !
Une partie des médecins du Grand hôpital de l’Est Francilien, fusion d’hôpitaux de Seine-et-Marne, se voient réclamer de 30 000 à 100 000 euros par leur direction.
Ces dizaines de médecins sont des « padhue », c’est-à-dire des praticiens à diplôme hors Union européenne. Marocains et Algériens, pour la plupart, ils sont payés, non pas comme leurs collègues français, mais comme des étudiants internes, avec un salaire de base inférieur à 2 000 euros par mois. Pourtant, ils occupent des fonctions de médecin, soignent tout à fait normalement les patients. Sans les padhue, bien des hôpitaux en France ne pourraient fonctionner.
Dans un contexte de désert médical, pour les attirer en Seine-et- Marne, l’ancienne direction de cet hôpital leur avait versé des primes doublant à peu près leurs revenus. Mais la direction actuelle et le Trésor public ont décrété que ces primes n’avaient pas lieu d’être. Non content de les supprimer depuis mars, le directeur, par ailleurs président du Syndicat des manageurs publics de santé, a mis en demeure les padhue de rembourser ce qui leur a été versé depuis deux ans. Ce gestionnaire bien dans la ligne du gouvernement, qui voit l’hôpital bien plus comme un organisme devant réaliser des économies qu’un lieu où l’on soigne, veut récupérer sur leur dos 2,3 millions d’euros.
Une jeune médecin marocaine décrit un « coup de massue » : ses revenus sont passés de 4 000 à 1 100 euros net pour des semaines de 70 heures, avec des dizaines de milliers d’euros à rembourser.
Le ministère de la Santé exerce une véritable discrimination à l’égard des padhue, soupçonnés de ne pas être compétents médicalement. Cela permet de les sous-payer et d’utiliser leur statut précaire – sort qu’ils partagent avec bien des travailleurs immigrés – pour leur imposer des gardes que les autres médecins rechignent à assurer. Ainsi, ce sont bien souvent ces médecins étrangers, dont les diplômes ne sont pas reconnus, qui assurent la continuité des soins au bénéfice des malades.
Ces responsables sont obnubilés par les économies et, du ministère aux directeurs d’hôpitaux en passant par les ARS, n’hésitent pas à maltraiter les travailleurs hospitaliers, y compris les médecins. Entre leurs mains, il n’est pas étonnant que le système de santé soit défaillant.