Le Medef et la Syrie : les vautours08/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2984-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Le Medef et la Syrie : les vautours

CMA-CGM, Accor, Airbus, Suez, Thales… une délégation de 42 patrons français sous l’égide du Medef s’est rendue en Syrie le 1er octobre.

Elle a été reçue par l’ex-djihadiste Ahmed Al-Charaa, qui a accédé au pouvoir après la chute du clan Assad en décembre 2024 dans un pays exsangue, à l’issue de quatorze années de guerre. L’armateur CMA-CGM, contrôlé par le milliardaire Rodophe Saadé, pilotait la délégation. Il faut dire qu’il est en Syrie comme chez lui puisque, malgré les sanctions financières imposées par les États-Unis et l’Union européenne au régime de Bachar Al-Assad, il avait continué à exploiter le terminal à conteneurs du port syrien de Lattaquié. Grâce à cela, il a pu signer un contrat en mai 2025 avec le nouveau pouvoir, qui lui attribue un chantier pour donner accès à des navires de grande taille.

Les autres sociétés de la délégation restent plus prudentes : « On ne va pas la jouer à la saoudienne en promettant des investissements mirobolants, on est venus pour prendre la température », expliquait une représentante du Medef. Arrivée en Syrie depuis le Liban dans quinze voitures blindées, sous l’escorte d’hélicoptères de l’armée, la délégation avait des raisons de s’inquiéter de la sécurité… de ses investissements. Dans les villes ravagées par les bombes à fragmentation, les sols et les bâtiments encore debout doivent être déminés, l’accès à l’eau, à l’électricité et à internet est limité, les affrontements ne sont pas terminés et un tiers du territoire, riche en pétrole et en gaz, échappe au contrôle du pouvoir. Cependant, le gâteau est énorme, un marché de 400 milliards de dollars serait à conquérir, dont 250 milliards destinés à la reconstruction, selon la chambre de commerce de Damas. Cela fait dire à ces requins capitalistes que la Syrie serait un nouvel eldorado. Mais la concurrence est vive. Attendre que les banques et la finance donnent des garanties d’être payées comporte aussi un risque, celui d’être coiffé au poteau par les concurrents. Macron a beau avoir été le premier chef d’État occidental à avoir reçu Ahmed Al-Charaa, l’Allemagne est aussi sur les rangs et les États- Unis, directement ou par Arabie saoudite interposée, pèsent bien davantage.

Quatorze ans de guerre ont provoqué quelque 500 000 morts, plus d’un million de blessés, 13 millions de déplacés dans le pays ou à l’étranger et 16 millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire. Avant la guerre, pendant la guerre, après la guerre, les puissances impérialistes n’en finissent pas de dépecer le Moyen-Orient.

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