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Leur société
Migrants : les dirigeants européens naufrageurs
Au moins 69 migrants sont morts le 26 août dans le naufrage d’une embarcation au large de la Mauritanie. Encore n’est-ce là qu’un premier bilan car on retrouve chaque jour de nouveaux cadavres.
Lors du départ de cet esquif, une semaine plus tôt sur les côtes de Gambie, il y avait 160 personnes à bord.
Des dizaines de milliers de personnes ont péri noyées ces dernières années sur cette route maritime qui part du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie pour rejoindre l’archipel espagnol des îles Canaries. Venus de toute l’Afrique, les migrants embarquent sur des pirogues surchargées dans l’espoir de rejoindre l’Europe pour fuir la misère et de pouvoir aider leurs familles restées au pays. Pour éviter les patrouilles de garde- côtes ou l’avion de Frontex, ils sont incités à s’éloigner des côtes, prenant ainsi le risque de se perdre. La moindre panne de moteur ou le manque de carburant peuvent transformer la traversée en drame. Ces contrôles incitent d’autre part les migrants à embarquer de plus en plus au sud, certains désormais jusqu’en Guinée, ce qui accroît d’autant la longueur du trajet et le risque d’y laisser sa vie.
Les grandes puissances européennes ont du sang sur les mains dans cette tragédie, et pas seulement parce qu’elles sont responsables de la misère qui pousse une partie de la jeunesse à prendre tous les risques pour quitter le continent africain. Les accords qu’elles passent avec les pays d’Afrique pour, comme disent les dirigeants de l’Union européenne, « externaliser le contrôle des flux migratoires » sont une véritable incitation à la violence à l’encontre de celles et ceux qui tombent entre les mains des forces de répression de ces pays, garde-côtes, police, armée. En mars 2024 l’Union européenne a ainsi versé 210 millions d’euros au gouvernement mauritanien à la signature d’un accord dit de « partenariat migratoire ». Pourtant, l’organisation Human Rights Watch, en s’appuyant sur des centaines de témoignages, a dénoncé les actes de torture, les viols, les privations de nourriture infligés par les autorités mauritaniennes entre 2020 et 2025 à l’encontre des migrants tombés entre leurs mains et enfermés dans des centres de rétention.
Ces actes de barbarie et tous ces morts en mer ne gênent en rien les prétendus démocrates qui dirigent les pays riches. On peut même dire qu’ils leur conviennent, comme tout ce qui peut faire craindre aux migrants de prendre la route de l’Europe.