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Migrants : les sales besognes de l’UE
Dans la nuit du 25 au 26 septembre, un navire des garde-côtes libyens a tiré sur un bateau de l’ONG Sea-Watch, après le sauvetage de 66 personnes en pleine mer.
L’équipage du Sea-Watch 5 avait refusé de changer sa route, ce qui l’aurait forcé à interrompre son opération de secours. Il n’en fallait pas plus pour que les garde-côtes ouvrent le feu. Cette agression n’est pas la première du genre.
Depuis 2017, l’Italie forme les garde-côtes libyens et l’UE finance leurs opérations à coup de dizaines de millions d’euros : environ 33 millions d’euros entre 2017 et 2021 selon l’ONG Oxfam, plus de 60 millions d’euros de 2021 à 2023 selon l’UE elle-même… une mission renouvelée cet été pour deux ans, avec 52 millions d’euros à la clé. Le patrouilleur ayant attaqué le Sea-Watch 5 aurait été remis par l’Italie aux garde-côtes libyens en 2018.
Cette attitude des forces libyennes est connue des autorités européennes depuis des années : début 2022, un rapport confidentiel de services de l’UE, rendu public par l’agence AP, reconnaissait que celles-ci avaient recours à « un usage excessif de la force » envers les migrants, certaines opérations étant menées « à l’encontre de la règlementation internationale ». Les témoignages à propos de patrouilleurs libyens tirant sur des embarcations de migrants et ayant conduit à plusieurs morts par noyade se sont multipliés depuis 2020, tout comme les accusations de travail forcé, torture et traite d’êtres humains des personnes retenues dans les camps libyens. Mohammed Al- Khoja, chef du Département de lutte contre la migration irrégulière, est lui-même un ancien chef de milice, connu pour ses exactions contre les migrants.
Depuis le début de l’année,18 260 personnes ont été refoulées vers les côtes libyennes et, en pleine connaissance de cause, la Commission européenne a réaffirmé ses engagements envers la Libye : « C’est notre politique pour l’instant », a déclaré Guillaume Mercier, porte-parole de la Commission. Avec la complicité et même le soutien de tous les gouvernements européens, quelle que soit leur étiquette politique.