Migrants : un troc odieux17/09/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/09/P7-1_migrants_OK_Lupo_1.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Leur société

Migrants : un troc odieux

Les premiers migrants refoulés du Royaume-Uni vers la France sont arrivés lundi 15 septembre à l’aéroport de Roissy. En échange, un groupe composé de personnes ayant obtenu la garantie de bénéficier du droit d’asile à leur arrivée en Angleterre devrait emprunter le chemin inverse.

Illustration - un troc odieux

L’accord dit « Un dedans, un dehors » signé le 10 juillet dernier entre les deux pays entre ainsi en application. Il revient à échanger des êtres humains comme s’il s’agissait de simples objets, avec des deux côtés des calculs tout aussi sordides. Pour la France, il s’agit de montrer aux migrants qui se cachent sur le littoral que leur attente est vaine : même parvenus de l’autre côté de la Manche sur une coque de noix, ils n’échapperont pas aux services de l’immigration et à la police française. À l’issue de leur retour forcé en France, ils seront placés en centre de rétention pour finalement, après quelques mois, retomber dans la clandestinité. Ce devrait être aussi l’occasion de renouveler les accords de Sandhurst de 2018 en vertu desquels la France a déjà touché 760 millions d’euros pour empêcher les départs.

Du côté anglais, il y a là un moyen rêvé de montrer la fermeté du gouvernement contre l’immigration clandestine. Le fait que l’entrée en vigueur effective de l’accord intervienne aujourd’hui, deux mois après sa signature, n’est sans doute pas étranger aux manifestations anti-immigration qui se sont déroulées dans le pays. Depuis le début du mois d’août, une centaine de personnes ont été placées dans des centres de détention à proximité des aéroports d’Heathrow ou de Gatwick dans l’attente de leur retour en France. Elles viennent d’Érythrée, du Soudan, d’Éthiopie ou d’Afghanistan et se sont vu refuser l’asile sous prétexte qu’elles auraient dû auparavant le demander en France, un « pays sûr » s’il en est.

Ces accords et cette pratique ne sont pas une première. Ils font partie de l’arsenal utilisé par les pays de l’Union européenne pour barricader leurs frontières, au même titre que l’édification de grillages barbelés ou la chasse aux navires de migrants.

Les dirigeants des pays européens marchandent la peau d’êtres humains comme s’il s’agissait de vulgaires têtes de bétail. Mais la seule règle valable devrait être la liberté absolue de circulation et d’installation pour toutes et tous.

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