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Leur société
Ministres : des CV qui en disent long
Sébastien Lecornu s’est vanté d’avoir formé un gouvernement « de mission », « au-delà des intérêts personnels et partisans », comportant des personnalités issues de la « société civile », c’est-à-dire qui n’auraient pas la politique pour principal métier.

Les couloirs des ministères ne vont pas pour autant voir débarquer une horde d’inconnus : dix-huit des trente-cinq membres du nouveau gouvernement occupaient déjà un poste sous Barnier, Bayrou ou l’éphémère Lecornu I. Rachida Dati reste à la Culture, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Roland Lescure à l’Économie, Gérald Darmanin à la Justice, Annie Genevard à l’Agriculture et Amélie de Montchalin aux Comptes publics. L’ex-ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin est promue aux Armées. Tous ces habitués du pouvoir et des combinaisons politiciennes ont promis de se concentrer exclusivement sur leur ministère – la campagne de Dati pour la mairie de Paris ou les préparatifs de Darmanin en vue de l’élection présidentielle de 2027 ne sont donc apparemment pas des « engagements partisans »…
Parmi les nouveaux venus, quelques-uns n’ont jamais occupé de poste politique important, comme la navigatrice Catherine Chabaud, chargée de la Mer et de la Pêche, ou Monique Barbut, ancienne présidente de l’ONG WWF qui hérite de la Transition écologique. Mais la plupart fréquentent depuis longtemps les cabinets ministériels et ont eu une responsabilité dans la politique menée par leurs prédécesseurs. Le ministre de l’Éducation Édouard Geffray, ex- DRH de l’Éducation nationale, a été directeur général de l’enseignement scolaire, c’est-à-dire numéro deux du ministère, de 2019 à 2024 ; à ce titre, il a été un collaborateur direct des ministres successifs, notamment Jean-Michel Blanquer, et a participé à la mise en place de tous les reculs imposés aux enseignants et aux élèves. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a une longue carrière de policier en chef. Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Castaner de 2018 à 2020, il a été l’un des organisateurs de la répression des Gilets jaunes. Préfet de Paris depuis 2022, il a toujours couvert sans état d’âme les violences dont la police est coutumière contre les jeunes, les sans-papiers, les immigrés.
Quant à la « société civile », seule sa partie patronale est représentée : l’ancien PDG de Système U, Serge Papin, nommé ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, sera certainement tout ouïe pour les intérêts des patrons de la grande distribution comme des autres secteurs. Autre ex-PDG, le ministre du Travail, Jean- Pierre Farandou, a appliqué durant les six années où il a dirigé la SNCF une politique qui peut faire rêver n’importe quel patron : suppression de plusieurs milliers de postes, reculs des droits des salariés, hausses de prix et bénéfices record.
Les ministres de Lecornu forment un gouvernement de combat contre les travailleurs, comme leurs prédécesseurs. La seule inconnue est de savoir s’ils auront le temps de déployer leur zèle propatronal avant d’être remplacés par d’autres clones.