Moyen-Orient : la logique de guerre de l’impérialisme18/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2968-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Moyen-Orient : la logique de guerre de l’impérialisme

L’attaque d’Israël contre l’Iran a-t-elle été concertée avec les États-Unis ou les a-t-elle mis devant le fait accompli ? La réponse, si elle vient un jour, ne changerait rien au fond de la question. Les États-Unis ont aussitôt réagi en faisant bloc avec leur allié régional attitré, Israël, imités en cela par les puissances impérialistes moindres, dont la France.

Paris, Berlin et les autres n’ont même pas fait semblant de se démarquer verbalement de la guerre lancée par Jérusalem. Tous les gouvernements occidentaux ont présenté l’Iran comme l’agresseur et Israël en agressé qui ne ferait que se défendre. L’argument est servi et resservi, même au mépris de l’évidence. Et quitte à mentir aux opinions publiques, autant accuser l’Iran de menacer le monde avec son projet d’arme nucléaire. Bien sûr, cela suppose de passer sous silence le fait qu’États-Unis, France et Grande-Bretagne ont, et de longue date, de quoi faire sauter toute la planète et qu’Israël aussi dispose de l’arme nucléaire. Et il aurait été malvenu de rappeler que la seule puissance en ayant jamais fait usage est la grande démocratie américaine, en août 1945 à Nagasaki et Hiroshima, contre la population d’un Japon à genoux et qui avait décidé de capituler.

En s’en prenant à l’Iran, bête noire de Washington, Israël se fait une fois encore l’agent de l’impérialisme au Moyen-Orient, ce qui est sa fonction essentielle depuis sa création il y a 77 ans. Et il faut tout le cynisme combiné du personnage Trump et de la bourgeoisie la plus puissante qu’il représente pour oser prétendre qu’il s’agit de « ramener Téhéran à la table des négociations ». Car c’est lors du premier mandat de Trump que Washington a décidé, le 8 mai 2018, de se retirer de l’accord de Vienne, signé trois ans plus tôt, qui plaçait le programme nucléaire iranien sous la tutelle de l’Occident. Trump décida alors de rétablir des « sanctions au plus haut niveau » contre le régime iranien, qu’il menaça de « conséquences très graves » s’il relançait son programme nucléaire.

La directrice américaine du renseignement, Tulsi Gabbart, avait estimé en mars que « l’Iran n’est pas en train de fabriquer une arme nucléaire et que le guide suprême Khamenei n’a pas autorisé le programme d’armes nucléaires qu’il avait suspendu en 2003 ». Mais il en faudrait plus pour gêner Trump, qui a lâché : « Je me fiche de ce qu’elle a dit. » Et d’ajouter : « Il va y avoir beaucoup de choses horribles qui vont se passer [à Téhéran], et ce serait beaucoup plus sûr pour ses habitants de partir. »

Eh oui, peu importe le prétexte, ou même l’absence de prétexte, la population iranienne va devoir payer d’un prix effroyable le fait que Washington n’admet pas que le régime de Téhéran ne soit pas à ses ordres. Car la Maison Blanche veut faire là un nouvel exemple pouvant terrifier l’ensemble des peuples de la planète.

Lors de la réunion du G7 ouverte au Canada le 16 juin, Trump est passé en coup de vent, affichant son intention de ne pas discuter de cette guerre avec les représentants des « grandes puissances » de second ordre. Et, ce qui va dans le même sens, il a demandé à Poutine de s’entremettre auprès de son allié l’Iran. Ce serait une façon de réintégrer la Russie dans le maintien de l’ordre mondial, mais cela implique de traiter directement avec elle, par- dessus la tête de l’Allemagne, du Japon, de la France, etc.

Ces attaques massives, répétées jour après jour, d’Israël contre l’Iran, en écrasant ce pays sous les missiles et les bombes, pourraient le forcer à reconnaître la domination de l’Amérique. Quant à briser ce régime, cela pourrait créer un chaos inimaginable en Iran, avec pour contrecoup de déstabiliser toute la région, et il n’est pas sûr que Washington y trouve son intérêt et le souhaite.

Mais rien ne dit qu’une fois la machine de guerre lancée, elle ne puisse pas échapper à ceux qui prétendent la contrôler. En tout cas, une chose est certaine : l’Iran s’ajoute désormais à un processus déjà à l’œuvre en Ukraine, à Gaza, au Liban ou dans des pays, notamment d’Afrique, dont les médias parlent peu. C’est une logique de guerre qui ne cesse de s’étendre, engendrée par un système capitaliste en crise sans fin, et qui est déjà une forme de troisième guerre mondiale.

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