Nathalie Arthaud le 8 juin : “Renverser le pouvoir de la bourgeoisie”11/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2967-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

La Fête de Lutte Ouvrière

Nathalie Arthaud le 8 juin : “Renverser le pouvoir de la bourgeoisie”

Les attaques que nous vivons, ici, dans un des pays les plus riches de la planète sont sans commune mesure avec ce que subissent les Ukrainiens toujours plongés dans une guerre fratricide. Rien à voir avec la routine terrifiante de la guerre et de la faim que vivent des millions de femmes et d’hommes à travers le monde. Rien à voir avec la guerre d’extermination dont sont victimes les Palestiniens de Gaza.

Dans les pays impérialistes, le recul réactionnaire et la barbarie ne prennent pas encore le visage de la guerre, ils prennent la forme de l’indifférence vis-à-vis du sort de ceux qui sont sous les bombes et privés de tout. Ils prennent la forme de l’individualisme, des idées xénophobes et racistes diffusées d’en haut par les politiciens au pouvoir.

Il faut suivre de près ce qui se passe aux États-Unis, parce que c’est ce que nos politiciens français nous préparent pour demain. Aux dernières nouvelles, il y a la rupture consommée entre Trump et Musk et quand deux coqs capitalistes se volent dans les plumes, cela soulève pas mal de fumier ! Mais cela ne change rien. Ces deux clowns concentrent un pouvoir économique et politique considérable. Ils ont fait et vont continuer de faire beaucoup de dégâts.

[…] La même évolution est en cours, ici, en France. Il ne se passe pas un jour sans une nouvelle accusation contre les étrangers, les travailleurs issus de l’immigration ou contre les musulmans. Les bas salaires, le chômage et les fermetures d’entreprise ne sont même plus des sujets : tous les problèmes sont mis sur le dos des immigrés, c’est-à-dire des travailleuses et des travailleurs les plus exploités. […] Ne laissons pas les petits roquets de droite et d’extrême droite faire passer nos camarades de travail pour des profiteurs ou des menaces !

Ne laissons pas le patronat utiliser nos différences de couleur de peau, de culture, de religion ou d’idées pour opprimer davantage tel ou tel, c’est-à-dire pour nous diviser et dresser des frontières entre nous.

La perspective n’est pas de nous barricader contre des travailleurs plus pauvres que nous, c’est d’entraîner tout le monde dans la défense de nos intérêts de travailleurs. C’est que chacun prenne sa place dans les organisations et le combat qu’il faut mener pour changer toute la société.

Il n’y aura jamais un combattant de trop dans le camp des travailleurs. À bas l’Europe des barbelés ! Régularisation de tous les sans-papiers ! Liberté de circulation et d’installation des travailleurs sur toute la planète !

« Maintenir vivants nos idéaux »

L’évolution réactionnaire dans un pays riche comme la France se mesure aussi à la violence des bandes de jeunes, à l’explosion du trafic de drogue et de la délinquance qui va avec. Le gouvernement et tous les réactionnaires les prennent pour preuve d’une crise morale et de l’ensauvagement de la société.

Mais cette délinquance est le fruit de leur politique. Le fruit de leur abandon de l’éducation et des quartiers populaires. Elle est le fruit d’un système qui cultive l’individualisme et le chacun pour soi, et qui, au lieu d’intégrer ces jeunes, les rejette, les marginalise, les confronte au racisme et aux mille et une humiliations quotidiennes, à commencer par celles de la police.

Alors comment s’étonner que certains jeunes, une toute petite minorité heureusement, ait une envie de casse et de vengeance ? Tout cela est un gâchis humain révoltant, mais il est d’abord et avant tout de la responsabilité d’un État qui méprise et piétine les plus pauvres.

Et puis l’indignation des Retailleau et des Darmanin est sélective. Ils ne parlent d’ensauvagement que pour pointer du doigt les parents des quartiers populaires, les immigrés, bien sûr, les professeurs qui ne sauraient plus ce qu’est l’autorité et qui auraient tourné le dos aux bonnes vieilles valeurs morales et familiales…

Mais quand Fillon pique dans la caisse de l’État, quand Sarkozy s’acoquine avec Kadhafi pour obtenir de quoi financer sa campagne présidentielle et quand Le Pen est prise la main dans le pot de confiture, un pot de confiture à plus de 4 millions quand même, il n’y a pas une seule leçon de morale ! Bayrou, le père la vertu, a préféré ignorer et peut-être couvrir les crimes odieux des responsables qui ont officié pendant des décennies dans l’établissement catholique de Bétharram. Mais vous n’entendrez ni Retailleau ni Le Pen mettre en question sa moralité !

Et regardez ce qui se passe à Gaza ! Depuis 20 mois, un gouvernement prétendument démocratique, un allié de la France et de l’Europe se comporte comme un barbare. Il bombarde, assassine hommes, femmes et enfants, impunément. Impunément, il utilise aujourd’hui la famine comme une arme d’extermination ! Mais pour Bayrou, Darmanin, Retailleau ou Le Pen et Bardella, c’est « circulez, il n’y a rien à voir, Israël ne fait que se défendre ». [...] On ne peut qu’être pris de dégoût face à autant d’hypocrisie et de cynisme.

Tant que le monde du travail reste l’arme au pied et laisse les politiciens de la bourgeoisie occuper le premier rôle, eh bien nous reculerons et l’évolution réactionnaire se poursuivra. Défendre des idées contestataires, critiquer la patrie, l’armée ou la police, dénoncer l’appareil d’État, sans parler de faire grève et manifester, vaudra peut-être demain la prison ou des agressions par des bandes de nervis ou la police. Cette évolution est possible d’autant plus que les dirigeants de la bourgeoisie ne savent même plus comment gérer leur système politique. Ni la démocratie, ni le droit, ni la justice ne nous protégeront de la montée de l’extrême droite qui va de pair avec la crise du capitalisme.

Mais une chose est sûre, les crises qui nous attendent feront bouger les consciences, elles contribueront à la politisation. Regardez en Israël ou en Ukraine et en Russie, il y a toujours des réactions, parfois de quelques individus qui ne cèdent pas. Ce ne sont que des petites lueurs dans la nuit, mais elles sont porteuses de grands espoirs. Car les périodes les plus sombres ont parfois accouché des plus grandes révolutions, c’est-à-dire des moments où des millions de femmes et d’hommes se transforment en combattants pour changer leur sort.

Alors, même minoritaires et à contre-courant, il nous faut maintenir vivants nos idéaux indissociables de nos idées révolutionnaires !

[…]

Non aux sacrifices pour la guerre

Il faut se préparer à se défendre et à faire la guerre si nous sommes attaqués, nous disent Macron et Lecornu, le ministre des Armées. Mais qui nous attaque aujourd’hui ? Qui attaque nos retraites, nos salaires, nos conditions de vie ? Les hôpitaux ne sont pas détruits par des bombes russes ! Ils sont démolis de l’intérieur par notre propre gouvernement. Et c’est à lui, à ces politiciens qui passent leur temps à nous faire reculer qu’il faudrait faire confiance ? C’est à eux qu’il faudrait s’en remettre si le pays était attaqué ?

Tant que la population ouvrière ne peut pas contrôler l’armée et ses officiers, tant qu’elle ne peut pas décider elle-même si une guerre mérite d’être menée, il faut refuser de marcher ! Si le gouvernement, l’armée et l’État de la bourgeoisie veulent nous embrigader, ce sera pour que l’on meure pour leurs profits ! Ce sera pour que l’on défende leur ordre impérialiste infâme, meurtrier et barbare.

Nous ne sommes pas encore sous les bombes et nos enfants ne sont pas au front, mais nous payons déjà pour la guerre. Parce que là, les discours sont bel et bien suivis d’effets. Là il y a des centaines de milliards mis sur la table. En 2017, le budget de la Défense était de 32 milliards. Il est aujourd’hui de 50 milliards et il doit monter à 70 et peut-être même à 100 milliards en 2030. Un peu partout l’État subventionne des entreprises qui fabriquent de la poudre, des obus, des drones ou entre dans leur capital… Voilà ce qu’est la réindustrialisation quand elle est décidée par l’État de la bourgeoisie. Et contrairement aux déclarations de certains dirigeants syndicaux et politiques, il n’y a pas à s’en réjouir !

Les économies que le gouvernement veut nous imposer vont passer dans l’achat d’engins de mort, dans l’embrigadement de nos enfants. Nous manquons d’hôpitaux, mais nous aurons des chars d’assaut. Nous manquons de logements, mais nous aurons des Rafale. Le gouvernement veut que nous creusions notre propre tombe !

Alors, en plus des revendications traditionnelles du mouvement ouvrier sur les salaires, l’emploi ou les retraites, il faut revendiquer la réquisition de tous les profits des marchands d’armes et le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises de guerre ! Aucun capitaliste ne doit pouvoir se transformer en profiteur de guerre. Et pas un sou de plus pour l’armée, pas un homme pour la guerre !

[…]

Défendre les perspectives révolutionnaires

On le voit à l’échelle du monde, il y a toujours des femmes et des hommes prêts à se battre contre l’inégalité et l’injustice. Pour que leur lutte ait une chance d’aboutir, il faut qu’ils aient une politique et un parti à la hauteur de leur courage et de leurs idéaux. Encore une fois, ce parti doit être communiste révolutionnaire et il ne peut qu’être internationaliste, parce que le capitalisme est à abattre à l’échelle internationale. Et même si l’internationalisme est aujourd’hui très minoritaire et à contre-courant, soyez convaincus, camarades, que c’est bien cet internationalisme qui fait aussi la force du monde ouvrier.

Pour finir, camarades, je voudrais dire que le combat pour la révolution et le communisme est un combat difficile, forcément minoritaire 99 % du temps. Car en temps normal, les mécanismes de domination de la bourgeoisie fonctionnent. Les exploités épousent les idées de la classe dominante et se résignent à l’ordre social qu’on leur présente comme le seul et unique possible. Et il est impossible de savoir quelle crise, quelle infamie, quel bouleversement va changer cette conscience et quand ressurgiront des soulèvements de masse.

Mais pour que des révoltes se transforment en révolution, il faut que la chaîne des militants tienne bon. Chacun d’entre nous peut représenter un de ses chaînons.

Heureusement qu’ils ont existé, ces centaines de milliers de militants obscurs, anonymes de l’histoire, depuis les putschistes du temps de Blanqui jusqu’aux militants des cordons révolutionnaires chiliens, en passant par les opposants à la guerre de 1914 emprisonnés !

Selon les périodes, ils n’ont pas forcément connu de grandes luttes. Ils ont consacré leur vie à des tâches souvent ingrates. Mais ils n’ont pas abdiqué. Cette chaîne ne s’est pas brisée et ils ont permis à d’autres de poursuivre le combat.

Et ce n’est pas le propre des militants révolutionnaires, il en est de même en science ou en médecine. Certains travaillent toute leur vie pour faire avancer un problème qu’une autre génération résoudra. Ils ne sont pas récompensés par l’histoire, mais sans eux rien n’aurait débouché.

Alors, quoi que nous réserve la période à venir il faut tenir bon sur nos idées et nos perspectives révolutionnaires !

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