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Nestlé : l’État dans les eaux troubles de Perrier
Mercredi 7 mai, le préfet du Gard a mis en demeure Nestlé Waters de retirer dans un délai de deux mois son système de microfiltration de l’eau Perrier.
D’autre part, la préfecture se prononcera avant le 7 août sur le renouvellement de l’autorisation d’exploiter les forages de Vergèze pour la production de cette eau minérale.
C’est le dernier épisode d’un long scandale, puisque Nestlé a fini par reconnaître avoir utilisé depuis des années différents moyens de filtrage pour la production de ses eaux Perrier à Vergèze, mais aussi Hépar, Contrex et Vittel, alors que cela est contraire à la réglementation. Par définition, une eau minérale est censée être naturellement pure et ne pas avoir besoin d’être filtrée. Mais c’est loin d’être le cas de l’eau de Perrier puisque, malgré les moyens de filtrage utilisés, près de 300 000 bouteilles n’ont pas été commercialisées en mars à cause d’une contamination par des bactéries, après 3 millions de bouteilles l’année précédente. Ronan Le Fanic, directeur commercial de Nestlé Waters, vient d’ailleurs d’être accusé par la commission sénatoriale qui enquête sur le scandale des eaux Nestlé d’avoir menti en niant cette récente contamination.
Mieux vaudrait alors, pour la santé du consommateur, que l’eau soit filtrée et que sa qualité soit contrôlée avant d’être vendue. Mais ce ne serait plus une eau minérale naturelle, ce qui ferait beaucoup diminuer son prix, et les profits de Nestlé. Voilà ce qui a motivé des années de fraude de Nestlé, avec la complicité des services de l’État, informés dès 2021 jusqu’aux plus hauts sommets, puisque l’accord a été confirmé par l’Élysée en janvier 2023.
Il a fallu l’insistance des autorités sanitaires depuis des mois, l’avis négatif d’hydrogéologues sur l’utilisation de la source de Vergèze et surtout le fait que l’affaire prenne le caractère d’un scandale de santé publique pour que le préfet réagisse en exigeant l’arrêt de la filtration.
Nestlé Waters France a déclaré se conformer à la décision du préfet, et qu’une « solution technique va être recherchée pour le site de Vergèze. » On peut deviner que Nestlé cherche en fait plutôt une solution économique pour continuer à vendre de l’eau avec profit. Et cela n’augure rien de bon, ni pour les consommateurs, ni pour les travailleurs des usines Nestlé, que la direction n’hésitera pas à sacrifier comme elle le fait sur tous ses sites, même si elle se sert du chantage à l’emploi pour négocier la continuation de la production.