Nestlé Waters : l’Élysée mouillé jusqu’au cou21/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2964-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Nestlé Waters : l’Élysée mouillé jusqu’au cou

La commission sénatoriale chargée d’enquêter sur le scandale des eaux contaminées de la source Perrier n’a pas seulement confirmé la fraude mais a révélé l’ampleur de l’implication de l’État dans cette affaire.

Dès 2021, les autorités savaient que le trust Nestlé Waters avait utilisé des systèmes de filtration pour ses eaux, dont celles de la marque Perrier. Le procédé, employé pour assainir l’eau du robinet, est totalement interdit pour des eaux d’appellation « minérales naturelles » en bouteille, vendues évidemment beaucoup plus cher. En 2023, devant un début de scandale mais face à un trust aussi puissant qui faisait du chantage à l’emploi, le gouvernement d’Élisabeth Borne avait assoupli discrètement la possibilité d’utiliser certains microfiltres. Logiquement, ce procédé de filtration aurait dû retirer à Perrier la possibilité d’utiliser l’étiquette d’eau « minérale naturelle ».

Fin 2023, Nestlé demanda cependant le renouvellement de son autorisation d’exploiter la source Perrier. À cette occasion, comme l’a établi la commission d’enquête, sur demandes réitérées de la présidente de Nestlé puis du directeur industriel, le rapport de l’agence régionale de santé fut modifié. Une réécriture effaça la détection de pesticides et modifia la fréquence des contaminations bactériennes constatées entre 2020 et 2023.

La commission d’enquête dénonce une « stratégie délibérée de dissimulation » et a sollicité l’Élysée, en la personne de son ancien secrétaire général Alexis Kohler, qui a refusé de se présenter devant les sénateurs. Il leur a cependant envoyé un épais dossier révélant des contacts fréquents entre Nestlé et la présidence. Quant à Emmanuel Macron, il nie avoir eu connaissance du dossier et affirme qu’il n’y a eu « ni entente, ni connivence », selon les termes cités par le Huffington Post.

Ainsi couvert, Nestlé, trust aux 96 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024, peut continuer sur sa lancée et vendre à prix d’or son eau du robinet.

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