- Accueil
- Lutte ouvrière n°2977
- Nestlé Waters : profit imbuvable
Leur société
Nestlé Waters : profit imbuvable
Une étude menée dans le cadre d’une enquête préliminaire visant le groupe Nestlé Waters pointe des taux de microplastiques crevant les plafonds dans les eaux minérales Contrex et Hépar.
Cette étude a été effectuée car l’entreprise Nestlé est poursuivie pour avoir maintenu pendant plusieurs décennies quatre décharges sauvages de déchets plastiques autour des usines d’embouteillage, à Contrexéville dans les Vosges. Ces déchets, près d’un demi-million de mètres cubes au total, ont contaminé les sols et les eaux, en se dégradant sous forme de microparticules. Celles-ci se retrouvent dans les bouteilles d’eaux minérales à des taux plusieurs dizaines de milliers de fois supérieurs à ce qui est admis. La taille de ces microparticules rend très difficile, voire impossible, la dépollution des sols.
Les responsables de Nestlé ont bien entendu contre-attaqué, en commandant trois études pour montrer qu’il n’y a aucun problème. Mais comment les croire ? Toute l’histoire de cette multinationale de l’agroalimentaire est faite de scandales plus révoltants les uns que les autres : du lait infantile en poudre « tueur de bébés » vendu dans les pays pauvres dans les années 1960 et 1970, aux eaux minérales contaminées aux PFAS, pesticides et autres ces dernières années, en passant par les nouilles instantanées au plomb vendues en Inde et les fameuses lasagnes de bœuf à la viande de cheval.
Chaque fois, Nestlé a pu faire jouer ses liens aux sommets de l’appareil d’État pour bénéficier de la complicité des pouvoirs publics. Les lois sont de toute façon faites sur mesure pour ces géants de l’agroalimentaire. Et les organismes publics chargés de veiller à la sécurité alimentaire n’ont pas réellement les moyens de surveiller quoi que ce soit, quand ils ne sont pas complices.
Les élus locaux ou simples habitants qui voudraient dénoncer certaines pratiques sont sous la pression permanente du chantage à l’emploi. C’était le cas dans les Vosges : les décharges sauvages de Nestlé étaient un secret de polichinelle, mais localement l’entreprise pèse plusieurs centaines d’emplois directs. À une bien plus vaste échelle, Nestlé avait par exemple fait pression sur le gouvernement mexicain pour qu’il renonce à certaines mesures d’étiquetage des produits alimentaires entrant dans une campagne de santé publique contre l’obésité en 2019. Son principal argument, 3 milliards de chiffre d’affaires annuel réalisés dans le pays, avait convaincu les autorités.