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Leur société
Nouméa : Premier mai sous interdiction coloniale
Cette année, le préfet de Nouvelle-Calédonie a interdit la manifestation du 1er Mai dans les rues de Nouméa.
L’Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités, l’USTKE, avait fait une demande pour pouvoir manifester comme elle le fait chaque année. Mais sous prétexte de sécurité publique, arguant notamment de la présence du ministre des Outre-mer, le préfet l’a interdit. Il faut dire que l’État français a en Nouvelle-Calédonie l’interdiction facile. Preuve d’un régime d’exception coloniale, les manifestations y ont été interdites pendant près d’un an après l’explosion de colère du 13 mai 2024. Elles n’ont cessé de l’être que depuis le 17 avril, après un recours de la Ligue des droits de l’Homme.
Dans l’interdiction de manifester le 1er mai, il y avait sans doute la crainte, de la part de l’État français, que la manifestation ne se transforme en une démonstration de force des Kanaks. L’explosion du 13 mai avait été précédée d’une série de puissantes manifestations regroupant plusieurs dizaines de milliers de Kanaks et d’Océaniens contre le projet de dégel du corps électoral qui visait à rendre les Kanaks toujours minoritaires dans leur propre pays. Depuis un an, les raisons de la colère n’ont pu que grandir. La gendarmerie a tué dix Kanaks lors des événements. Comme l’a révélé la presse, le préfet a couvert les milices caldoches, dont certaines étaient armées. Et depuis mai 2024, 12 000 travailleurs, un sur sept, ont perdu leur emploi, ceux d’origine kanake étant particulièrement touchés par la fermeture de KNS, l’usine de la province Nord, et par celle de la mine de Thio. Il faut ajouter à cela l’attitude revancharde du petit patronat et la résurgence du racisme anti-Kanaks, l’USTKE dénonçant les embauches au faciès et le remplacement de travailleurs kanaks par des non- Kanaks.
Le 1er mai, de façon bien légitime, l’USTKE a dénoncé l’interdiction de manifester comme une décision arbitraire et discriminatoire. Effectivement, quand la droite loyaliste a manifesté pour faire pression sur Valls fin février, aucune interdiction ne lui a été opposée.
La Nouvelle-Calédonie est une colonie où les travailleurs, quelle que soit leur origine, sont là pour travailler et se taire ; le patronat et l’État se chargent de le rappeler.