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Dans le monde
Nouveau round contre les puces chinoises
Mi-mai, l’administration américaine annonçait de nouvelles mesures contre les entreprises qui intégreraient certains des semi-conducteurs du chinois Huawei.
Dans cette guerre des puces, il y a des aspects contradictoires. Les États-Unis cherchent à conserver leur suprématie technologique, qui leur donne une longueur d’avance en matière militaire et commerciale. Ils voudraient aussi éviter que le marché de l’intelligence artificielle chinois, qui consomme une grande quantité de semi-conducteurs très performants, échappe à leurs industriels, notamment Nvidia et AMD. C’est pourquoi entraver le développement de Huawei, qui les concurrence de plus en plus, constitue le cœur de leur politique.
Les premières restrictions datent de 2020, quand les États-Unis, sous Trump, ont interdit de travailler pour Huawei à la seule entreprise au monde capable de graver les puces dernier cri, le taïwanais TSMC. Ils ont aussi interdit au néerlandais ASML, qui produit les machines capables de fabriquer ce type de puces, d’exporter en Chine, puis, en octobre 2022, sous Joe Biden, ils ont contraint Nvidia à brider les puces d’intelligence artificielle fournies à la Chine, en interdisant de livrer les modèles dernier cri. Cela n’a pas empêché l’industrie chinoise d’enregistrer quelques succès, notamment avec l’algorithme DeepSeek qui, en matière d’intelligence artificielle, fait aussi bien que ChatGpt, tout en consommant beaucoup moins d’énergie. C’est pourquoi l’administration Biden, avant de laisser la place à Trump, avait prévu des restrictions supplémentaires sur l’exportation des puces américaines.
Sous la pression de Nvidia et d’AMD, qui voyaient leur échapper un marché chinois évalué à 50 milliards de dollars, l’administration Trump a finalement annulé les restrictions supplémentaires, mais en annonçant quelques jours plus tard des restrictions à l’égard des dernières puces produites par Huawei. En effet, ce dernier a réussi à contourner une partie des obstacles que les États-Unis ont dressés sur sa route en produisant maintenant des puces gravées à sept nanomètres, l’équivalent de ce que faisaient les entreprises occidentales en 2020, mais qui est suffisant dans bien des cas. Et Huawei, qui s’appuie sur les ressources de l’État chinois, réalise des investissements massifs pour aller au-delà.
Mi-mai, l’administration des États-Unis a aussi menacé toutes les entreprises qui permettraient aux entreprises chinoises d’intelligence artificielle d’utiliser les puces américaines. L’appât du gain tend en effet à briser toutes les barrières. La presse rapporte ainsi que des réseaux de contrebande de puces Nvidia s’organisent à destination de la Chine. Mais l’administration américaine visait aussi des entreprises louant hors Chine des parcs de calculateurs ultra-performants.
Le 20 mai, la Chine a protesté contre les mesures américaines et menacé à son tour de sanctions toutes les entreprises qui les appliqueraient. Si la guerre des tarifs douaniers connaît quelques répits, la lutte des États-Unis pour conserver leur suprématie mondiale n’est pas finie, loin de là.