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Dans le monde
OMS : le désengagement des États-Unis… et des autres
Trump l’avait annoncé dès sa nomination : les États-Unis allaient se retirer de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Et l’institution vient de prévoir en conséquence la réduction de 25 % de ses dépenses en personnel.
Au regard des besoins de santé à l’échelle mondiale et même s’il existe d’autres agences en charge de ce problème, le budget de l’OMS était déjà en réalité dérisoire, d’un peu plus de 6 milliards de dollars. Le financement américain, d’un peu plus d’un milliard, y contribuait pour environ 20 %. Il représentait plus du quart du programme d’éradication de la poliomyélite, et contribuait de façon non négligeable à des projets pour des services de santé et de nutrition et à la lutte contre les maladies évitables par la vaccination.
Il est évident que des populations de pays pauvres vont payer ce geste des États-Unis. Mais elles vont aussi payer parce que tous les États des pays riches se sont eux aussi désengagés de plus en plus. Et selon les responsables de l’OMS, il est très improbable que les pays européens cherchent à compenser la perte de la contribution américaine.
En réalité, les pays occidentaux, qui concentrent une grande partie des moyens de santé à l’échelle mondiale, à commencer par ceux des gigantesques groupes pharmaceutiques, ne se sentent nullement responsables de la santé mondiale, si ce n’est de façon minimale. Leur participation aux projets humanitaires a toujours dépendu de calculs politiques, en partie pour contrebalancer l’image de puissances néocoloniales pillant les richesses des pays pauvres. C’est pourquoi, selon le directeur de l’Institut de santé global situé à Genève, « les pays riches estiment ne pas avoir besoin de l’OMS ».
Et il est notable que, après le départ des États-Unis, le pays qui contribuera le plus au financement de l’OMS sera… la Chine. L’État chinois a aussi évidemment ses propres visées politiques en cherchant à jouer un rôle au niveau mondial dans la santé. Mais s’il peut se le permettre, c’est justement parce que l’ensemble des pays riches s’en lavent les mains.