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Panama : les travailleurs de la banane contre Chiquita Brands
Au Panama, le 23 avril, les enseignants commençaient une grève illimitée contre une réforme du régime des retraites, puis le mouvement gagnait différentes corporations. Le 28, le syndicat des travailleurs de la banane (Sitraibana) appelait à son tour à la grève.
La province de Bocas del Toro, frontalière du Costa Rica, est maintenant coupée du reste du pays. L’économie de la province est entre les mains de la multinationale nord-américaine Chiquita Brands, qui y possède 26 plantations de bananes couvrant 7 000 hectares et employant 6 500 ouvriers agricoles. Chiquita est le nouveau nom de la tristement célèbre United Fruit, restée un symbole de l’impérialisme US, responsable dans le passé de massacres d’ouvriers agricoles et reconnue coupable d’avoir financé les paramilitaires d’extrême droite en Colombie au moins jusqu’en 2004.
En 2017, lors d’une précédente grève, les travailleurs de la banane avaient imposé l’adoption d’une loi comportant des droits nouveaux : une pension maladie, d’invalidité et de retraite à hauteur de 80 % du salaire et une retraite anticipée à 58 ans pour les hommes, 54 ans pour les femmes effectuant les tâches les plus dures. C’est l’adoption d’une nouvelle loi par le Congrès en mars, la loi 462, remettant en cause ces droits et amputant lourdement les pensions de retraite qui a déclenché le mouvement.
Fin avril, les grévistes ont commencé à bloquer les routes et on a compté rapidement près de 500 barrages. Les conséquences ont été telles que le gouvernement devait affréter des vols de ravitaillement à destination de l’aérodrome de Changuinola, sur la côte caraïbe, au cœur de l’empire de la Chiquita. La compagnie américaine a alors commencé un lock-out de plus en plus général, en annonçant d’abord l’arrêt de ses activités dans certaines exploitations. Au bout d’un mois de grève, elle annonçait avoir perdu 2 millions de caisses de bananes, soit 1 600 conteneurs, et dans la foulée licenciait d’un coup 5 000 travailleurs saisonniers. Mais très peu se présentèrent pour signer leur fin de contrat et recevoir la paie des jours travaillés.
Six jours plus tard encore, le gouvernement déclarait l’état d’urgence dans la province. Alors que les affrontements entre la police et les grévistes se multipliaient autour des barrages, le 2 juin, Chiquita Brand mettait fin aux activités de son siège administratif. Puis elle licenciait la totalité de ses 1 500 travailleurs permanents, la totalité des effectifs restants et annonçait l’arrêt définitif de ses activités au Panama… sans que cela mette fin au mouvement.
Le 6 juin, face à cette grève puisssante, le président de droite José Raul Mulino a dû accepter l’ouverture de négociations. Mulino déclarait s’engager à présenter un projet de loi rétablissant les droits des travailleurs de la banane, à condition que les blocages prennent fin immédiatement. Malgré ce chantage et l’acceptation du syndicat, qui devait rencontrer l’ensemble des parlementaires à Panama City, la capitale, sur le terrain le mouvement continuait.