Des partis au garde-à-vous03/09/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/09/une_2979-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Des partis au garde-à-vous

Le débat organisé par le Medef le 28 août avait tout du casting entre prétendants à la succession de Bayrou.

Pendant une heure et demie, Bompard (LFI), Bardella (RN), Tondelier (Les Écologistes), Roussel (PCF), Retailleau (LR) et Attal (Renaissance) ont rivalisé de propositions devant un parterre de patrons. Le PS était absent, officiellement occupé par sa propre université d’été, et plus probablement pour marquer sa différence en présentant un « contre-budget » prêt à l’emploi.

Dans ce débat, chacun a joué son rôle. Retailleau s’est fait applaudir en dénonçant les taxes et les normes, de même qu’Attal qui s’est vanté du bilan de Macron, notamment en matière de baisses d’impôts sur les sociétés. Comme eux, Bardella a fustigé le poids des dépenses publiques et promis de nouvelles baisses d’impôts aux entreprises.

Du côté de la gauche, Tondelier a récolté quelques huées lorsqu’elle a évoqué les 200 milliards d’aides annuelles aux entreprises, mais elle s’est vite rattrapée en disant : « je suis venue pour vous tendre la main » car, à force de tirer sur la corde, « ça va faire des grèves et des mouvements sociaux ». Bompard pour LFI a dit son opposition au plan Bayrou et au prochain budget mais, devant cet auditoire choisi, il s’est bien gardé de la moindre allusion aux mobilisations contre ces attaques prévues en septembre : comme les autres, il voulait convaincre que la gauche au pouvoir serait responsable et gèrerait mieux l’économie capitaliste que les dirigeants actuels. Il a bien critiqué lui aussi les aides aux entreprises, de même que Roussel, mais pour les « conditionner » et non pour les supprimer. Qui contrôlerait le respect des engagements des patrons si les aides étaient conditionnées ? Mystère ! Et si Roussel a évoqué la nécessité d’indexer les salaires sur l’inflation, il n’a pas dit comment l’imposer aux patrons.

En fait, tous les participants partageaient la même idée de base : riches et pauvres, patrons et travailleurs, seraient tous dans le même bateau. « Nous ne produisons pas de richesses sans salariés, sans chefs d’entreprise, sans investissement, sans capitaux et sans investissement public », a ainsi expliqué Roussel, comme si patrons et travailleurs collaboraient pour un objectif commun, alors que les premiers vivent du travail des seconds. Il était difficile de voir une différence entre Bardella, pour qui « les Français doivent rester propriétaires de leur pays », et Bompard dénonçant les entreprises pharmaceutiques « pas forcément françaises » qui facturent trop cher les traitements anticancéreux à la Sécurité sociale.

Alors qu’il n’y a jamais eu en France autant de milliardaires et que les grandes entreprises font des centaines de milliards d’euros de profits, tous partagent l’idée que le pays va mal et que l’État doit relancer l’économie. Bien sûr, il n’a jamais été question dans ce débat de mettre les capitalistes à contribution, ni de remettre en cause le droit des patrons d’exploiter, de licencier et de bloquer les salaires. Le mot « profit » n’a tout simplement pas été prononcé. Les patrons qui ont assisté à ce spectacle ont pu vérifier en direct qu’ils disposent de gestionnaires de rechange et seront bien servis, quelle que soit l’issue des péripéties parlementaires.

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