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Leur société
Le PCF et la guerre : double langage
Le 8 avril, Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français, était en meeting à Vénissieux. Il a consacré l’essentiel de son discours à la question de la paix et de la guerre.

Les intonations radicales et même internationalistes étaient là pour faire avaler qu’en menant une bonne politique dans les frontières de l’Hexagone, les menaces de guerre disparaîtraient comme par enchantement. « Il faut avoir une analyse de classe de ce qui se passe en ce moment », a affirmé Roussel, ce qui ne pouvait que toucher ceux qui, dans l’auditoire, se réclament encore de la perspective communiste et des intérêts des travailleurs. Le capitalisme dans son ensemble a été mis en accusation : « Ce sont les mêmes logiques qui dominent, celles des guerres économiques, celles des guerres tout court, avec en toile de fond l’impérialisme, les impérialismes, l’exploitation des richesses […]. » Roussel a rappelé la sentence implacable d’Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels. »
Le pacifisme revendiqué par Roussel comme par d’autres à gauche – du moins jusqu’à la guerre véritable – relève cependant du vœu pieux. Avant les deux boucheries mondiales, les grands-messes pacifistes et les envolées de tribune n’avaient pas manqué. Mais la guerre entre brigands impérialistes, qui jette les peuples les uns contre les autres, ne peut être combattue qu’en préparant la révolution, en expliquant aux travailleurs, aux classes populaires, que la défense de la patrie signifie en réalité se sacrifier pour leurs exploiteurs, auxquels il faudra au contraire arracher le pouvoir politique et économique.
Ce n’est pas ces perspectives que Roussel défend. Au contraire, la profession de foi internationaliste a été reniée aussitôt dite : « Le Parti communiste français sera toujours présent pour défendre la patrie, pour défendre la nation, pour prendre les armes s’il le faut en cas de menace […] ». Et, finalement, la seule perspective mise en avant par le leader du PCF a été que la France sorte de l’Otan, « parce que de Gaulle avait eu le courage de quitter le commandement de l’Otan. » Roussel a conclu par un appel à l’union sacrée : « Eh bien, nous, communistes français, nous […] tendons la main aux gaullistes français pour qu’ils fassent la même demande. Osez, faites-le, et vous verrez, le cours de l’histoire en France changera. » Roussel prend ainsi place, aux côtés d’un Macron, d’un Bardella ou d’une Le Pen, parmi les politiciens se revendiquant de De Gaulle au nom des intérêts de la France.
Le pacifisme du PCF dissimule bien mal l’objectif de rester dans le jeu politicien et de se montrer respectueux des intérêts de la bourgeoisie française, comme il l’avait démontré durant la Deuxième Guerre mondiale en se mettant au service de De Gaulle. Il est impossible de savoir si le PCF sera à nouveau utile à la bourgeoisie, mais ce qui est certain, c’est qu’il n’offre aucune perspective à ceux de ses militants qui veulent se battre contre la guerre.