Contrairement aux déclarations grandiloquentes des hommes politiques sur les « Lumières » françaises et les droits de l’homme, ce fut en réalité bien tardif, et pas toujours motivé par l’amour de la civilisation.

Mitterrand, défenseur de l’abolition pendant la campagne présidentielle qu’il remporta en 1981, avait pourtant lui- même fait exécuter de nombreux militants algériens : 46 d’entre eux furent guillotinés en 16 mois, entre février 1956 et mai 1957, quand il était ministre de la Justice pendant la guerre d’Algérie. Le même Mitterrand refusa de gracier Fernand Iveton, militant communiste pour l’indépendance de l’Algérie, qui avait posé une bombe qui n’explosa pas et ne tua donc personne. Il fut tout de même guillotiné le 11 février 1957. Il y eut ensuite 27 exécutions politiques entre 1959 et la fin de la guerre en 1962. Le fait que la guillotine et le peloton d’exécution ont fonctionné jusqu’en 1977, date de la dernière exécution en France, n’a rien de très glorieux. Depuis le 19^e siècle, quand Victor Hugo s’exclamait « la peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie », de nombreux pays dans le monde avaient aboli ce châtiment barbare avant la France : la Bolivie en 1910, la Finlande en 1928, l’Italie en 1948, l’Allemagne de l’Ouest en 1949 ou encore le Portugal en 1973.

En 2024, Amnesty International a comptabilisé 113 pays dans le monde ayant aboli la peine de mort, mais les exécutions sont en hausse : + 32 % entre 2023 et 2024. C’est le cas notamment pour les États-Unis, où 26 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année 2025, le chiffre le plus important depuis dix ans.

Le fait que la peine de mort subsiste encore aujourd’hui n’est que le reflet d’un monde de plus en plus barbare.